On connaissait Paul Dano comme acteur, un brillant acteur, mais voilà qu’avec son premier long métrage, “Wildlife : Une Saison Ardente”, Dano se révèle être aussi un excellent réalisateur.
Film d’ouverture pour la Semaine de la Critique de Cannes 2018, l’adaptation du roman de Richard Ford, “La saison ardente”, par Paul Dano nous raconte l’histoire des Brimson. Jerry le père, Jeanette la mère et Joe leur fils, interprété par la révélation Ed Oxenbould, jeune garçon solitaire et réservé qui devient, malgré-lui, le témoin de l’implosion du mariage de ses parents, brillaments interprétés par Carey Mulligan et Jake Gyllenhaal, dans le Montana des années 60. C’est la déchéance de la représentation typique du parfait cocon familial américain qui nous montre par cette déchirure, comment ce jeune garçon devient peu à peu un adulte.
Avec cette première adaptation, Paul Dano nous prouve qu’il a fait avec brio la transition entre le métier d’acteur et celui de réalisateur, car le film fait preuve autant dans sa mise en scène que dans son écriture, d’une incroyable harmonie et une finesse incomparable. Le travail d’écriture de Zoe Kazan et Paul Dano est frais et remarquable, d’autant plus qu’il est porté par l’interprétation forte et sincère de ses acteurs. Mention spéciale à Carey Mulligan qui une nouvelle fois se démarque et nous livre ainsi avec le rôle de Jeanette Brimson, la meilleure performance de sa carrière. Mais on regrettera tout de même un Jake Gyllenhaal pas assez présent malgré une performance remarquable. Les plans du films, notamment les séquences en extérieur sont à couper le souffle et exaltent une pureté de l’image sans pareil qui vient complètement s’entrechoquer avec la violence -subtile- des événements dans le film. Par la façon dont le film se déroule, on entre aussi l’histoire de cette famille qui se déchire, on vit les émotions, les doutes et on est plongé dans un pathos intense.
Dano a parfaitement été capable de se détacher du texte pour mettre sa propre vision de l’histoire. Il nous livre alors certaines problématiques importantes indissociable du contexte de l’époque que l’on questionne aussi à mesure que l’on avance dans le film, telle que la place au sein du couple ou au sein d’un foyer, la liberté de la mère mais aussi de la femme ou encore le mariage et ses fondements ainsi que le travail. Tous ces sujets qui à l’époque font la cision entre l’homme et la femme ainsi que leur place dans la société. Mais il met aussi en question la responsabilité parentale, car Joe se retrouve à devoir être son propre parent, ne pouvant vivre comme un garçon de son âge, un garçon de 14 ans. Tout ces points qui sont tout aussi abordables dans notre société actuelle qui au fond n’a pas tant changée que ça.
“Wildlife” est donc bien parti pour faire partie de ces réussites de premiers films d’acteurs devenus réalisateurs, comme “Lady Bird” de Greta Gerwig ou encore “Lost River” de Ryan Gosling, ces films qui émanent avec authenticité une symbolique qui leur est propre et nous laisse en tête a tête avec nos émotions. On sent que Dano a énormément appris de toutes ces années à travailler aux côtés de grands réalisateurs, car il en a retenu le meilleur.
Avec son rythme parfait, ses images saisissantes, sa réalisation juste quoique très statique, Paul Dano fait de “Wildlife : Une Saison Ardente” une expérience prenante jusqu’à la dernière scène qui nous hante encore bien après l’avoir vu, ce qui le place directement comme l’une des meilleurs films de 2018.
Wildlife, Une Saison Ardente de Paul Dano. Avec Carey Mulligan, Ed Oxenboult, Jake Gyllenhaal… 1h45
Sortie en salles le 19 décembre.