Les temps semblent compliqués pour celui qui fût (est encore ?) l’une des grandes figures du cinéma américain. Mais voilà depuis l’affaire Weinstein tout n’est plus vraiment pareil au pays de l’Oncle Sam et Woody Allen se retrouve en plein dans la tourmente – même s’il l’était déjà depuis quelques années mais bizarrement on en en parlait très peu – avec sa fille adoptive Dylan Farrow qui l’accuse – une nouvelle fois – d’attouchements sexuels lorsqu’elle était jeune. Et c’est dans cette atmosphère plus que tendue que sort son nouveau long-métrage Wonder Wheel, un nouveau portrait de femme bien fade comparé à ses précédentes oeuvres.
Tout comme Blue Jasmine (avec la brillante Cate Blanchett), Wonder Wheel dépeint le destin de Ginny, ancienne actrice devenue parla force des choses serveuse dans un restaurant à Coney Island, sorte de fête foraine géante à deux pas de la plage. Alors que son mariage avec Humpty bat de l’aile, elle voit débarquer du jour au lendemain Carolina, la fille d’Humpty recherchée par des malfrats. Et à côté de ça, Ginny et Carolina son épris du même homme : Mickey, charismatique maître-nageur qui ne sait choisir entre les deux.
Au coeur d’un parc d’attraction kitsch, aux couleurs criardes où le bonheur semble jaillir de partout et nulle part à la fois, Ginny est une femme qui n’aime plus sa vie, son travail de serveuse ni même son mari et qui retrouve une lueur d’espoir dans les bras du beau Mickey. Toujours en train de hurler, de s’énerver et de prendre de l’aspirine, Ginny n’est plus que l’ombre d’elle-même. Un rôle qu’interprète magistralement Kate Winslet. Encore une fois Woody Allen réussit à créer une galerie de personnages plus attachants les uns que les autres que la naïve Carolina ou le fils de Ginny en pleine rébellion pyromane.
Non là où le bas blesse c’est la pauvreté du scénario et des dialogues aussi fades que le ciel orageux de Coney Island. Wonder Wheel n’arrive jamais là où il voulait aller, entame des pistes intéressantes sans aller au bout des choses dans une superficialité étonnante venant de la part de Woody Allen malgré une scène de fin où l’on entre-apercevait enfin une mélancolie et une dramaturgie qui aurait pu être intéressante à exploiter. Le tout s’appuyant également sur une mise-en-scène lourde et facile notamment avec ses jeux de lumière qui vient appuyer des propos déjà explicites.
Malgré tout on peut accorder au moins une chose à ce film : la beauté de ses décors. Minutieuse et sublime reconstitution de ces parcs d’attractions qui sent bon la barba papa et les jeux d’attrape-nigauds. Un cadre idyllique pour le drame qui se prépare en arrière-plan mais qui ne sert au final qu’une énième histoire d’amour vouée à l’échec.
Mais alors faut-il boycotter le dernier Allen ? Ah la question qui divise tout le monde. Il n’empêche que c’est à la justice de faire son boulot et non à nous alors en occultant les faits qui lui sont reprochés, Wonder Wheel reste un film avec de belles idées mais en demie-teinte.
Wonder Wheel de Woody Allen. Avec Kate Winslet… 1h41
Sortie le 31 janvier