Et si Blanche-Neige avait atterri au 21e siècle à la mode des selfies et du narcissisme à outrance que provoquent les réseaux sociaux ? C’est dans cette idée que la réalisatrice lettonienne Laila Pakalnina installe son In the mirror.
Un entraîneur de CrossFit et sa femme vivent un rêve éveillé : ils sont parents d’une magnifique petite fille qu’ils ont baptisé Blanche-Neige. Malheureusement, le rêve tourne rapidement au cauchemar lorsque la mère de cette dernière décède tragiquement. Le père quant à lui se remarie avec une belle jeune femme obsédée par son apparence et ses performances physiques. Alors lorsqu’elle découvre que sa belle-fille est plus performante qu’elle, sa seule obsession est désormais de se débarrasser d’elle, coûte que coûte.

In the mirror est définitivement l’ovni filmique de ce festival – voire de cette année -. La scène d’introduction nous montre plusieurs protagonistes tenir la caméra pour s’adresser directement à nous sous forme de longs vers tantôt poétiques tantôt philosophiques dans un noir et blanc presque angoissant. Et c’est sur ce procédé filmique que se déroule le long-métrage. Tout semble très éclaté, que ce soit la narration ou la mise-en-scène mais en prenant du recul, ces choix semblent logiques. Pakalnina transpose Blanche-Neige et les sept nains de façon contemporaine. Une société imbue d’elle-même qui mise tout sur l’apparence et la jalousie que peut susciter ce perpétuel combat d’ego. Loin d’avoir simplement repris l’idée, la réalisatrice s’amuse à disséminer d’autres éléments du conte comme la pomme empoisonnée ou encore les sept nains qui ici sont des athlètes de haut niveau aux muscles saillants. Le film s’amuse même à reprendre dans une scène absolument absurde une des scènes de Boucle d’or lorsque les trois ours découvrent que quelqu’un est entré chez eux.
Le tout flotte constamment entre absurdité assumée et théâtralité dans les dialogues. Le film propose un véritable parti pris, assez rare dans le paysage cinématographique. Une expérience unique qui ne laissera personne indifférent : soit on adhère totalement à l’idée et l’esthétique proposée soit on reste sur la touche.
In the mirror de Laila Pakalnina. Avec Madlena Valdberga, Elza Leimane, Lauris Dzelzitis… 1h30