[CRITIQUE] I comete : Un été en Corse

L’été, sa chaleur rassurante, ses envies de découverte, le repos promis mais qui ne semble jamais venir réellement tant les choses s’enchaînent si inlassablement dans notre quotidien, … Tout cela, Pascal Tagnati semble vouloir le capter au mieux pour son premier long-métrage, en mêlant ses histoires au milieu d’une Corse incandescente.

Tandis que les vacances d’été se déroulent en Corse, des destins se mêlent et se croisent, des fragments de vie bercés différemment et auxquels on assiste, sous la chaleur d’un soleil brûlant et illuminant chacun avec cette même lueur brillante.

C’est par plans fixes que l’on assiste aux événements dépeints par I comete, telles des photographies instantanées chargées de souvenirs par leur normalité. Ici des enfants chantent, là on discute football avec ferveur, on pleure ou on cherche à faire peur. Tout semble si normal et si beau à la fois. Ces plans fixes nous installent en observateur·ice passif·ve, avec la frustration que cela peut créer au vu de la situation sanitaire actuelle mais également avec la gêne qui peut en découler.

Lotta films

Dans I Comete, assister à une dispute se fait de loin, avec une forme de malaise crue et sans possibilité de détourner le regard. Quand une « cam girl » se donne du plaisir, c’est avec les mêmes yeux que celui qui la paie qu’on se retrouve installé en voyeur·e. La mise en scène ne perd jamais en impact, perpétuant en permanence cette idée.

Il se dégage autre chose de cette réalisation, bien aidée par le montage : la longueur. Non que le film fasse long, bien qu’il dure deux heures, mais il trouve une durée dans ces images qui cherchent à mieux capter le sentiment du moment, laisser vivre les personnages dans l’espoir d’en voir leur vie s’en dégager. Nous y reviendrons lors de l’interview de Pascal Tagnati mais cette multiplicité de regards ajoutée à une durée conséquente des images offre une forme de libération qui alimente tout le film de cette sensation de vivant.

Ces nombreux points de vue pourraient impacter la sensation ressentie devant le film mais parvient à conférer un sentiment aussi bien global qu’intime. On a beau être en période estivale mais on n’est pas face à une Corse de carte postale. Le réalisateur sublime le décor, lui confère l’apparence d’un personnage à part entière par sa présence permanente dans la profondeur du champ de ses images mais tout n’y est pas idéalisé. Loin d’un aspect touristique dans lequel le long-métrage aurait pu tomber et se vautrer, il trouve un équilibre que l’on pourrait même qualifier d’idéal dans ce qu’il veut raconter.

I comete constitue ainsi une proposition de cinéma qui joue de ses plans fixes pour tenter de ressentir les hauts et les bas de ses personnages. Installés dans une Corse superbe mais pas parfaite, ceux-ci y expriment une vie qui brûle l’écran avec la même force que le soleil et avec une simplicité qui nous désarçonne. On espère que le film de Pascal Tagnati connaîtra un succès des plus mérités à sa sortie par la qualité de ce qu’il amène, avec un regard sans jugement aucun. Libre à vous de vous installer pour observer ces vies se faire à l’écran avec la normalité d’un quotidien si simple mais si fort.

I comete, de Pascal Tagnati. Avec Jean-Christophe Folly, Cédric Folly, Pascal Tagnati,… 2h04.
En attente d’une date de sortie.

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