On a tendance à oublier le fardeau que doivent porter les femmes à l’approche de la trentaine. Une sorte de liste à cocher pour pouvoir se dire qu’arrivée à 30 ans on est une femme accomplie. Et entendez accomplie par : un job stable, bien payé, en couple et prête à faire des enfants. Dans son premier long-métrage, Playlist, Nine Antico nous rappelle que la femme moderne, c’est loin d’être ce portrait bourré de clichés.
Sophie est une jeune parisienne de 28 ans. Elle vient de quitter son boulot de serveuse pour bosser dans une maison d’édition de bd au service presse (accouplé au poste de secrétariat et bonne à tout faire) en espérant voir un jour ses dessins publiés à leur tour. Sophie est une grande romantique, elle tombe rapidement sous le charme sauf que c’est rarement réciproque. Les expériences s’enchaînent et se ressemblent. Elle en a marre, a l’impression que sa vie stagne… et en plus de ça des punaises de lit se sont invitées. Quel beau programme.

Il y a quelque chose qui sent bon la Nouvelle Vague et le cinéma de Jean-Luc Godard dans ce que propose Nine Antico. Sophie est tout le monde. Elle pourrait être vous. C’est une personne qui, à l’approche de la trentaine, panique à l’idée de n’avoir rien réussi dans sa vie. Elle tombe amoureuse de ses plans culs (qui eux préfèrent tomber amoureux d’autres personnes, une question de phéromones selon Jean, le plan cul de Sophie), est payée au SMIC pour un boulot où même une plante verte est mieux traitée, s’embrouille avec sa meilleure amie et regrette ne pas avoir pris des cours de dessin qui lui auraient peut-être permis d’intégrer une école d’art. Maintenant qu’elle veut reprendre ses études, les écoles d’art ne prennent des élèves que jusqu’à l’âge de 25 ans. Décidément, tout est contre la pauvre Sophie.
On compatit, on rit de ses déboires mais surtout on s’identifie d’une façon ou d’une autre parce que oui, la vie d’adulte n’est pas toujours drôle, que les projets qu’on s’imagine ne se réalisent pas forcément, que les rencontres que nous faisons peuvent donner le meilleur comme le pire. On oublie trop peu à quel point il faut savourer ce qu’on a, les petits plaisirs et se faire à l’idée que le chemin n’est pas pavé de fleurs roses. Playlist n’offre pas de solution parce que chaque individu a son propre chemin à construire mais nous rappelle de ne jamais baisser les bras, d’embrasser la vie comme elle vient avec ses hauts et ses bas mais surtout qu’il faut se nourrir de ça pour se construire.
Loin d’avoir une mise en scène inventive, le film peut surtout compter sur la prestation de Sara Forestier qui apporte un aspect totalement désespéré à Sophie mais quand même teinté d’un certain espoir toujours bien présent malgré les coups de boules encaissés. Laetita Dosch quant à elle est un faire valoir qui fonctionne, c’est la caution comique, la bonne copine toujours prête à soutenir sa meilleure amie même si elle s’est embrouillée avec elle la veille.
Playlist c’est une histoire universelle, c’est celle de toutes les femmes qui s’inquiètent de ne pas cocher les cases imposées par la société. C’est une ode à la vie, à ses obstacles, à l’aventure mais aussi à l’amour.
Playlist de Nine Antico. Avec Sara Forestier, Laetitia Dosch, Inas Chanti… 1h28
Sortie le 2 juin