D’abord prévu comme une série (dont le pilote a été primé au Festival de La Rochelle en 2017), Ramdam s’est vu devenir un film au fil du temps. Une association religion et humour qui a refroidi pas mal de diffuseurs avant qu’ARTE ne mise une pièce dessus. Résultat, un film étonnamment drôle et bienveillant.
Amine est un brillant professeur d’Histoire des civilisations à l’université de Bordeaux à deux doigts de continuer sa carrière à Boston. Il doit avant cela régler la vente de la maison familiale qui se trouve à Saint-Marsain, sauf qu’Amine est en froid avec son père depuis des années. Lorsqu’il retourne dans le sud, il découvre que son père – président du club de rugby – compte transformer la Mosquée en “club-house” comme il l’aime l’appeler, destiné aux troisième mi-temps. Ni une, ni deux, Amine se révolte et fait face à son père. Une bataille qui va mener à bon nombre de quiproquos jusqu’à ce qu’Amine se retrouve même imam du village.

Les idées de tolérance et d’acceptation de l’autre sont mises à dure épreuve en ce moment et Ramdam est vraiment un bol d’air frais dont on avait besoin. Choc des cultures et des façons de penser pour ce professeur persuadé de tout savoir face à une communauté musulmane qui n’a certes pas la même culture que lui mais qui a quelque chose d’aussi fort : ses rapports humains. Le film peut compter d’ailleurs sur une incroyable galerie de personnages ayant chacun leurs problèmes mais qui, une fois réunis, est plus forte que n’importe qui d’autre. Le réalisateur Zangro n’hésite d’ailleurs pas à utiliser l’humour et l’auto-dérision pour grossir les traits : que ce soit le maire fêtard, la jeune fille voilée qui se voile seulement pour se faire remarquer par les autres ou l’ancien imam qui, malgré son lien à la communauté, se fait rapidement happer par l’appel de l’argent. Choc également des générations entre un père et son fils qui se détestent depuis que leur mère est décédée d’un cancer. L’un en veut à son fils de ne jamais venir le voir et l’autre en veut à son père d’avoir délaissé sa mère et l’avoir bridé pendant des années car elle-même était musulmane.
Le scénario ne ré-invente rien, entre une discorde basée sur le racisme et une relation père-fils compliquée qui va permettre à chacun de comprendre ses fautes mais Ramdam réussit son tour de force de fédérer sans jamais tomber dans l’exagération de son propos. Les situations sont aussi cocasses que les personnages sont attachants. Disponible en replay sur Arte jusqu’à la fin du mois, c’est indéniablement un des films à rattraper ce mois-ci.
Ramdam de Zangro. Avec Lyes Salem, Djemel Barek, Sid Ahmed Agoumi… 1h30
En replay sur Arte jusqu’au 27 juin
Merci. Du coup, je vais le regarder.