Si Daniel Nolasco ne vous dit rien par ici, c’est un réalisateur important dans le cinéma LGBTQ+ au Brésil. Ses nombreux courts-métrages ont été remarqués dans différents festivals ainsi que ses deux premiers documentaires dont Mr Leather qui est une plongée fascinante dans la culture queer. Et pour son premier long-métrage, autant vous dire que Daniel ne fait pas dans la dentelle.
Sandro mène une vie banale dans la campagne où il travaille aux ressources humaines d’une compagnie minière. Régulièrement, il retrouve son collègue Ricardo dans la forêt avoisinante avec qui il a des relations sexuelles. Rien de très sérieux, que du plaisir. À côté de ça, Sandro va à la piscine où il fantasme sur Maicon qui ne semble pas y faire attention. Mais quand ce dernier commence à travailler dans la même compagnie, le fantasme de Sandro se transforme en obsession quasi malsaine d’autant plus lorsqu’il découvre que Maicon entretient une relation avec Ricardo.
Qu’est-ce que l’homosexualité au cinéma ? Comment est-elle représentée ? Sous quel prisme et selon quelles normes ? Le réalisateur l’assume et le revendique, ses films cassent les codes pré-établis par les critères moraux traditionnels et présentent le désir et les relations homosexuelles sous un autre jour, plus cru·e·s mais aussi plus proches de la vérité. Vent Chaud ne flirte même plus avec la pornographie, il en emprunte le chemin avec une étonnante véracité. Là où la plupart des films nous présentent les relations homosexuelles sous un angle encore très hétérocentré (une relation qui implique forcément une pénétration), Daniel Nolasco présente un spectre plus large passant certes par les actes de sodomie mais également les fellations en passant par les fantasmes sadomasochistes. Il ne cache rien, montre tout, parfois même en gros plan, ce que les autres ne veulent pas forcément afficher pour ne pas choquer. Daniel Nolasco s’en fiche, il montre la réalité telle qu’elle est.
Le/la spectateur·ice est déstabilisé·e, surpris·e par ce qu’iel se prend au visage. Surprenant mais aussi exaltant car on a l’impression de franchir une limite qui nous était jusque là interdite et c’est bien connu, il y a quelque chose d’excitant à jeter un œil à ce qu’on refuse de nous montrer. Mains moites, lèvres et gorge sèches, palpitations, notre état est semblable à celui de Sandro.

Là où le film aurait pu être simplement une démonstration visant à choquer (ce qu’il fait très bien), Daniel Nolasco insuffle une véritable part de poésie et d’émotion. Derrière ces corps suintants, c’est aussi le portrait de Sandro. Un type d’homme qu’on a aussi moins l’habitude de voir dans les films LGBTQ+ : la quarantaine, barbu avec un peu d’embonpoint. Outre son travail, ses relations avec Ricardo et ses séances à la piscine, la vie de Sandro est morne. Sa solitude se dessine petit à petit alors que la jalousie s’empare de lui. C’est un homme silencieux, passif (à plusieurs égards), qui a du mal à s’imposer dans la vie, passant ses soirées à faire un puzzle inlassablement. De sa vie morne, il tire du plaisir à travers ses fantasmes et ses expériences sexuelles aussi extrêmes que colorées.
Vent Chaud transpire constamment la sensualité. Tout est sujet à interprétation, les formes phalliques sont constamment présentes, les corps sont filmés avec amour et désir. Chaque forme, chaque sexe, toutes les sécrétions sont sacrées et magnifiées par une photographie éclatante, comme si l’homosexualité était enfin une fierté (d’autant plus au Brésil qui est un pays très chrétien) qui s’affiche et se revendique haut et fort.
Votre mois d’août va être plus que brûlant ! Daniel Nolasco nous propose avec Vent Chaud un film unique et extrême (probablement ce que vous verrez de plus osé cette année) où l’homosexualité conjugue sensualité, sexualité et émotion.
Vent Chaud de Daniel Nolasco. Avec Leandro Faria Lelo, Allan Jacinto Santana, Renata Carvalho… 1h50
Sortie le 11 août