Toutes les bonnes choses ont une fin. Mais vous savez ce qui devrait avoir une fin encore plus rapide ? Les mauvaises choses. La saga American Nightmare fait partie de celles qui partaient avec les meilleures intentions du monde avant de se casser royalement la gueule au fur et à mesure.
Alors que le dernier épisode en date revient sur les origines de la Purge, le précédent se termine sur une note d’espoir pour les États-Unis : la sénatrice Charlie Roan est élue présidente et de ce fait, la Purge prend fin. Tout va bien dans le meilleur des mondes avant que le cinquième opus vienne tout balayer d’un revers de la main. Les Nouveaux Pères Fondateurs sont de nouveau à la tête du pays (Pourquoi ? Comment ? On ne sait pas) et c’est par conséquent le retour de la Purge. Exit les grandes villes pour partir au fin fond du Texas dans le ranch de la famille Tucker qui emploie Juan, immigré mexicain ayant fui son pays avec sa femme Adela. Depuis, iels vivent paisiblement alors que Juan a gagné le respect du patriarche Tucker avec le temps – ce qui énerve passablement Dylan, le fiston de ce dernier -. Le lendemain de la Purge, un groupe masqué s’attaque à la famille et les obligeà s’allier avec Adela et Juan pour s’en sortir alors que les Purgeur·se·s ont décidé de continuer leur petit jeu macabre et que l’Amérique est en train de sombrer dans un chaos sans précédent.

S’il y avait bien un intérêt à American Nightmare, c’était son concept de Purge annuelle où pendant toute une nuit, tous les crimes étaient autorisés. Quand ce qui est censé être un événement ponctuel se retrouve prolongé, l’intérêt disparaît. Le survival d’une nuit où l’on attend désespérément avec les protagonistes la fameuse sonnerie signifiant la fin du cauchemar se transforme en un film où tout le monde dézingue à tout va sans grand intérêt. Là où les scènes de nuit proposaient une ambiance oppressante, celles de jours sont ici fades et ne comportent aucune envie de mise en scène tant tout est plat et redondant.
Le combat riches/pauvres, américain·e·s/immigré·e·s est de nouveau au cœur du combat mais cette fois-ci avec une subtilité éclatante (c’est faux). Dès le début le ton est donné, un gros plan sur une inscription sur un mur qui dit : “Construisez des ponts, pas des murs”. Le film se situe évidemment au cœur de l’Amérique trumpiste dans un état frontalier au Mexique alors que le racisme est à son paroxysme. On peut même aisément y voir un parallèle avec le moment charnière où Donald Trump s’est battu contre Joe Biden. Le pays est en train de sombrer avec une violence présente un peu partout, il faudra le courage des américain·e·s pour se lever contre les Purgeur·se·s et renverser l’ordre. Et qui est-ce qui va les aider ? Les immigré·e·s, pardi ! Parce que oui, le retournement de cette histoire est bien là : le Mexique décide d’ouvrir ses frontières pour que les Américain·e·s puissent se réfugier dans le pays et ainsi éviter la Purge. Plus ironique que ça, on meurt. Dès lors, le survival se transforme en course contre la montre pour atteindre la frontière en seulement quelques heures. Et qui dit retour au Mexique dit traversée du désert. On aurait pu s’attendre à une course poursuite sanglante filmée à travers les grandes étendues désertiques texanes mais le réalisateur n’utilise jamais ce qu’il a à son avantage. Même l’identité des Purgeur·se·s perd de sa prestance là où dans les précédents opus on retrouvait derrière leurs masques politicien·ne·s et blanc·he·s ultra riches ; désormais n’importe s’affuble de ses meilleures armes pour traquer tout et n’importe quoi.
Au visionnage d’American Nightmare 5, on se dit surtout qu’Everardo Gout est sans inspiration. Le pauvre a fait ce qu’il a pu, c’est-à-dire pas grand chose tant il n’y a rien à garder de ce film qui enterre une nouvelle fois la saga entamée il y a huit ans. Il s’agirait d’arrêter cette purge parce que ce ne sont pas les protagonistes qui la subissent le plus mais bel et bien nous.
American Nightmare 5 : Sans limites d’Everardo Gout. Avec Ana de la Reguera, Tenoch Huerta, Josh Lucas… 1h44
Sortie le 4 août