Jérémie Guez a déjà fait ses armes littéraires en ayant déjà publié quatre romans à succès. Cette année, il s’arme de sa caméra pour adapter “L’homme de plonge” de Dannie M. Martin. Même si c’est sa première expérience en tant que réalisateur, Jérémie Guez a déjà de solides références derrière lui puisqu’on lui doit notamment le scénario de La nuit a dévoré le monde.
Danny est un ancien taulard qui trouve un logement chez Laurence, ayant l’habitude d’accueillir d’anciens prisonniers pour leur permettre de se réinsérer dans la société. Il trouve un petit boulot en tant que plongeur dans un petit restaurant chinois et espère ainsi retrouver une vie paisible. Il finit même par se lier d’amitié avec la fille de Laurence, Clara. Cette dernière donne bien du fil à retordre à sa mère, rebelle et désireuse de voir son père qui purge sa peine en prison. Trois personnages brisés à leur manière qui, grâce ou à cause d’un tragique événement, vont se rapprocher et se soigner.
Tout démarre sur les codes classiques du film de rédemption : un ancien taulard et une situation qui va lui permettre de se repentir. Il s’éloigne cependant assez rapidement des carcans tout écrits du genre avec une force tranquille qui le traverse. Loin de jouer dans les coups de poings et hurlements à profusion, le film intériorise énormément. Peu de dialogues avec un Danny quasiment muet qui s’exécute de manière quasiment robotique même lorsque Clara, la fille de la tenancière, essaie de se lier d’amitié avec. Très épuré que ce soit dans son scénario ou dans sa mise-en-scène, le réalisateur se concentre très rapidement sur la relation qu’entretiennent Danny et Clara. On se retrouve d’un côté avec un homme sombre, recroquevillé sous sa veste qui ne pipe mot et de l’autre une jeune fille un brin rebelle qui tente de trouver une figure paternelle vers qui se tourner. Un rôle que Danny va prendre à cœur malgré lui jusqu’au soir où elle va se faire agresser. À partir de là, les vieux démons de Danny resurgissent même si l’on sent qu’il fait tout pour ne pas y succomber.

Toujours à la lisière du film de vengeance, Bluebird ne sombre jamais dans l’excès, ce qui est assez remarquable surtout lorsqu’on a de forces aussi vives que Roland Møller dont la présence physique impressionnante pouvait donner lieu à un film bourré d’action. Au lieu de ça, on fait face à un colosse qui cache une vraie fragilité et qui, en se vengeant, va entraîner des réactions en chaîne où Clara et Laurence seront impliquées. On se retrouve autant fasciné qu’attendris par cette relation quasiment fusionnelle et la façon douce de Jérémie Guez pour nous raconter cette histoire.
Bluebird de Jérémie Guez. Avec Rolland Møller, Lola Le Ann, Veerle Baetens… 1h30
Sortie en VOD le 16 juin