Beth est une femme meurtrie après que son mari se soit inexplicablement tiré une balle dans la tête au beau milieu du lac à côté de leur maison. Une mort brutale qu’elle essaie tant bien que mal de surmonter avec difficulté. Alors que ses nuits se résument à des cauchemars constants, elle sent que quelque chose ne va pas dans cette maison. Une présence semble semer le trouble alors qu’elle commence à faire les cartons pour déménager et quitter cet endroit. La curiosité la pique au vif et elle décide de fouiller dans les affaires de son mari dans lesquelles elle va découvrir de sombres secrets.
Qu’est-ce qui justifie un suicide aussi violent alors que ça fait quatorze ans que l’on pense vivre un mariage heureux et épanoui ? Une question qui hante Beth, qui tente tant bien que mal de reprendre sa vie en continuant son travail de professeure la journée. Mais une fois la nuit tombée, la maison où elle a partagé tant de souvenirs avec son défunt mari se transforme en labyrinthe où les portes claquent, la radio se met en route à tout moment et où le jardin et le lac sont des terrains d’apparitions étranges. C’est sans compter sur cette étrange voix qui ne cesse de l’appeler. Beth est persuadée, son mari est toujours présent.

Frustrant serait le mot adéquat pour le film. La bande-annonce offrait de jolies possibilités pour un thriller psychologique, un terrain où tout semble possible et où la maison semble jouer un rôle fondamental dans la psyché du personnage principal incarné par Rebecca Hall (à qui on ne peut rien reprocher tant elle fait ce qu’elle peut pour tenir la barque – jeu de mot subtil pour celleux qui verront le film – ) pour au final n’en faire rien de tout. Des plans d’architecture cachés qui feraient croire à une autre maison ou en tout cas une maison cachée, inversée, perdue dans un curieux labyrinthe… Que cachait donc le mari de Beth ?
Et bien… rien. Ou en tout cas pas ce à quoi on pouvait s’attendre. Le film plonge et se perd de plus en plus dans les cauchemars et les supputations de Beth quant aux petites cachoteries de son défunt mari. La frontière entre rêve et réalité est de plus en plus floue autant pour elle que pour nous si bien qu’on s’y perd sans plus jamais s’y retrouver. David Bruckner distille des indices (qui ne sont finalement pas des indices) et des (fausses) pistes pour tourner en rond et ne pas utiliser ce qui est à sa disposition pour nous proposer un thriller effrayant qui joue autant sur le deuil, que les fantômes et les non-dits. On se plait à enfin apprécier les vingt dernières minutes qui permettent d’entrevoir ce qu’aurait pu être le film s’il avait été mieux écrit : de l’horreur pure et dure où la folie nous contamine jusqu’à la moelle en plus de proposer quelques idées visuelles assez jolies et intéressantes… avant de tout bâcler dans un final qui brise le château de carte bâti jusque là. Déroutant et frustrant.
Heureusement que Rebecca Hall est là pour tenir un peu le film parce que ce n’est clairement pas son scénario qui rattrapera le reste. Au mieux anecdotique, au pire nanar, La proie d’une ombre peut repartir en barque tranquillement.
La proie d’une ombre de David Bruckner. Avec Rebecca Hall, Sarah Goldberg, Evan Jonigkeit… 1h48
Sortie le 15 septembre