L’élection de Barack Obama aux présidentielles de 2008 a marqué un tournant dans l’histoire du pays. Le 20 janvier 2009, les Obama prenaient place dans la Maison Blanche, devenant ainsi la première famille afro-américaine à se trouver à la tête des États-Unis. Mais à côté de lui se trouvait sa femme, Michelle. Loin d’être simplement la Première Dame, elle s’est révélée être une femme de caractère aux convictions bien ancrées. Quelques années plus tard, elle est revenue sur son parcours dans son libre Becoming aujourd’hui adapté en documentaire pour Netflix.
La sortie du livre autobiographique de l’ancienne Première Dame a été suivi d’une grande tournée à travers le pays pour le promouvoir mais aussi l’occasion de rencontrer son public. Le documentaire s’affaire donc à suivre scrupuleusement Michelle Obama dans ses déplacements tout en entrecoupant avec une interview face cam. Sauf que s’attaquer à un portrait de cette envergure suggère un certain recul pour éviter toute glorification, ce que n’a pas forcément le documentaire. Tout ceci a d’ailleurs presque des allures de conte de fée. Michelle Obama qui débarque sous des tonnerres d’applaudissements, des séances de dédicaces où les gens tremblent lorsqu’ils lui serrent la main, un parcours prestigieux, une histoire d’amour digne des plus belles romances d’Hollywood… Tout semble beaucoup trop lisse. Pourtant, le documentaire s’évertue à certains moments à montrer une réalité plus sombre : celle d’une femme qui a du se battre pour en arriver là, à qui on a dit que Princeston était trop prestigieux et qui s’est retrouvée du jour au lendemain sous les feux des projecteurs lorsque son mari s’est lancé dans la campagne présidentielle. Par bribes, on découvre (ou se remémore) l’époque où chaque fait et geste de Michelle Obama était scruté. Chaque parole analysée et bien souvent déformée pour lui faire dire tout et n’importe quoi. Les discours improvisés ont du être supprimé, la pression constante de la perfection était désormais là. Une pression à laquelle l’ancienne Première Dame n’a jamais succombé. Sauf que ces bribes d’informations qui montrent une femme avec des failles (comme tout être humain) ne sont que trop peu nombreuses et sont rapidement noyées sous un flot de sourires et de tenues bien repassées.

Malgré cet aspect très propre et lisse de Michelle Obama, le documentaire n’en reste pas moins le portrait d’une femme exceptionnelle. Pas simplement Première Dame ou femme de, elle a su s’imposer avec ses idées et ses envies. Tracer un chemin en dehors de celui de son mari pour raconter son histoire mais aussi inspirer. On le voit tout au long du film quand elle assiste à des réunions accompagnée de jeunes adolescents représentant souvent les minorités sociales (noires, latines…) et l’on comprend bien la ferveur et l’engouement qu’elle provoque à chacune de ses apparitions. Loin de simplement utiliser son image, c’est un engagement total que fait Michelle Obama dans son envie d’aider la jeunesse à s’affranchir des barrières que la société peut leur mettre. On découvre aussi par ailleurs une femme tout simplement, une femme qui aime s’habiller, qui aime l’excentricité tout comme elle peut apprécier la simplicité des choses, une femme qui a eu des hauts et des bas avec son mari mais qui aime aussi rire et raconter ses anecdotes au public. Une femme simple qui est devenue en quelques temps un modèle à suivre pour toute une génération.
Devenir n’offre rien de bien neuf quant à la vie de l’ancienne Première Dame. Manquant de nuance dans son propos, le documentaire préfère se concentrer sur le positif et permet malgré tout un souffle galvanisant pour une jeunesse et des minorités qui ont besoin de modèles d’excellence comme celui de Michelle Obama.
Devenir de Nadia Hallgreen. 1h39
Disponible sur Netflix