L’idée de transposer l’univers des escape games dans quelque chose de plus horrifiquement marqué avait tout du point de départ passionnant. On peut ainsi trouver matière à la réflexion d’énigmes ainsi qu’une tension par le compte à rebours imposé, tout en pouvant peut-être jouer sur un héritage de pièges à grand format qui semble ne réapparaître qu’avec la sortie de films Saw ou toute autre itération de celle-ci. Pourtant, le premier Escape Game laissait sur sa faim, sa production design rondement bien menée n’étant malheureusement pas valorisée par une intrigue au final des plus linéaires et un traitement de protagonistes peu passionnant malgré leurs traumas respectifs. Cette suite a donc le potentiel de donner un coup dans les bases préétablies pour appuyer un peu plus la mythologie de son univers.
Film de Schrödinger qui ne sait s’il doit sortir ou non de sa boîte, Escape Game 2 a l’idée intéressante de relancer les jeux avec les survivant·es de l’opus précédent ainsi que d’autres ancien·nes participant·es de ces épreuves. Il se crée quelque chose de plus marqué dans la caractérisation, mieux amenée même s’il y avait moyen d’appuyer un peu plus certains points pour humaniser les protagonistes. Celleux-ci sont ainsi encore caractérisé·es dans l’action mais enfermé·es dans cette optique unique du jeu (ce qui aurait pu relever quasiment du méta étant donné que nous sommes nous-mêmes spectateur·ices de ces pièges et ne pouvons les connaître que par ce biais). Visuellement, le film s’avère encore plutôt solide, surtout dans le design de ses décors, et tente au mieux de traiter la viscéralité potentielle de ses traquenards avec une classification tout public qui esquive cette possibilité graphique.

Le scénario s’avère pour sa part tiraillé dans ce qu’il a posé comme cliffhanger final en le mettant de côté et en n’hésitant pas à revenir sur certains points de celui-ci. Cela s’avérerait intéressant comme twist si l’aspect global s’en sortait renforcé, ce qui n’est pas le cas. On sent largement un aspect inabouti à ce propos, préférant se renfermer dans sa boîte une fois posé quelques idées çà et là de développement différent. Il s’en crée un regret de voir une mécanique peut-être pas assez huilée grincer car ses rouages se ressentent lourdement, notamment dans l’évacuation de protagonistes. Quelque chose de plus retors se dissimule dans le film et c’est quand cet aspect transparaît que le long-métrage s’en trouve passionnant.
Il reste dès lors dans cet Escape Game 2 un divertissement certes plutôt efficace dans sa volonté de jeu piégés avec une certaine échelle mais où l’on sent les limites qui lui sont imposées. La porte ouverte à une suite, une destination à un public ado qui invisibilise une possibilité graphique ou encore des retours en arrière mythologiques à l’aspect facile, tout cela confère un poids qui rend l’artifice trop voyant pour offrir plus que ce qui nous est proposé ici.
Escape game 2 – Le monde est un piège d’Adam Robitel. Avec Taylor Russell McKenzie, Logan Miller, Thomas Cocquerel…
Sorti le 11 août 2021