Adam Sandler nous avait prévenu, s’il ne gagnait pas l’Oscar il nous le ferait payer en faisant un mauvais film. Chose promise, chose due puisque le voilà de retour avec Hubie Halloween. Le bonhomme sévit toujours autant sur Netflix avec un aplomb aussi insupportable que quasiment fascinant.
Hubie est loin de faire l’unanimité dans la petite ville de Salem. Détesté par quasiment tout le monde (à part sa mère et la voisine qui a un petit faible pour lui), Hubie aime que l’ordre règne et n’hésite pas à rapporter toute incivilité à laquelle il peut faire face – jusqu’à la petite fille qui n’ose prendre qu’un seul bonbon le soir d’Halloween dans le bol -. Alors quand un nouveau voisin un peu bizarre débarque et que des habitants commencent à disparaître mystérieusement, Hubie va devoir prendre son courage à deux mains et mettre ses (nombreuses) peurs de côté pour résoudre ce mystère.

C’est lourdingue. Adam Sandler fait du Adam Sandler, aussi insupportable que celui puisse être possible. Les vannes fusent non-stop, les gags sont poussifs et on se croirait dans une mauvaise parodie d’un film d’Halloween.
Cependant, comme toute mauvaise chose pour la santé, on aime bien y goûter. Et une fois qu’on y a goûté nous voilà piégés, comme ce fameux paquet de bonbons qu’on finit en à peine une soirée. On ne sait pas comment ça a commencé et nous sommes déjà à la fin. Ce qui est aussi terrible que fascinant, c’est l’énergie avec laquelle Adam Sandler aime faire ces mauvais films. Quitte à être dans une cour de récré remplie de monstres en plastique et de faux sang, autant amener les copains pour s’amuser : Ben Stiller (pour un micro caméo mais ça fait toujours plaisir de le voir), Steve Buscemi (comme vous ne l’aurez jamais vu), Colin Quinn ou encore China Ann McClain, bref que des amis avec qui Sandler a pu jouer une ou plusieurs fois. Mettez donc tous ces gamins dans un film d’Halloween et vous vous retrouvez avec un joyeux bordel. Chacun prend un malin plaisir à exagérer les traits de son personnage et ça fonctionne.
La fameuse scène parodique d’un proto-Michael Myers finissant en flaque d’urine donne bien le ton. Les références pleuvent non-stop et le film supposé “d’horreur” (il n’y a d’horreur peut-être que le film en lui-même) devient assez vite bien plus touchant qu’il pouvait laisser paraître. En faisant de son Hubie un bonhomme toujours serviable malgré les merdes qu’on lui jette à la gueule, Adam Sandler semble dessiner un autre portrait qui nous est bien plus familier : le sien. Dans une industrie (et aussi un public) qui le conchie pour ses rôles délurés (mais jamais méchants), l’acteur continue de tracer sa route en faisant ce qu’il sait faire de mieux : le guignol. Malgré quelques rôles sérieux qui lui valent une toute autre reconnaissance (coucou Uncut Gems), Adam Sandler aime jouer la comédie grasse et il faut reconnaître que ça lui va bien. Alors malgré tout ce qu’on pourra dire sur lui, c’est un peu le Hubie du cinéma américain. Droit dans ses bottes et rien ni personne ne pourra lui enlever ça.
Les adeptes du cinéma de Sandler seront servis dans ce feel good movie , les autres passeront leur chemin mais on ne peut nier l’implication et le plaisir qu’a pris tout ce beau petit monde dans ce qui est purement et simplement un terrain de jeu grandeur nature pour de grands enfants (enfin surtout pour un).
Hubie Halloween de Steven Brill. Avec Adam Sandler, Julie Bowen, Steve Buscemi… 1h42
Disponible sur Netflix