Absent des radars depuis quelques années, Jean-Paul Salomé revient sur nos écrans avec nulle autre que la grande Isabelle Huppert en tête d’affiche. Adaptant le roman éponyme plusieurs fois primé de l’avocate-écrivaine Hannelore Cayre, il dispose donc d’ingrédients redoutables pour un offrir un film riche en saveurs… ou pas.
Zaza en interprète arabe pour la police, en couple avec le commandant, qui devient une fournisseuse de shit au nez et à la barbe de ses collègues, tout en vivant dans un immeuble où semble régner une mafia chinoise, que demander de plus ? Un peu de mise en scène peut-être… Inutile de tergiverser, le problème principal de La daronne est Jean-Paul Salomé. Sa réalisation oscille entre l’insipide et le maladroit, à l’image de l’aspect faux documentaire caméra-épaule qui, sans réussir à créer l’immersion, annihile le potentiel comique de certaines scènes. Il réussit toutefois bien à faire monter la tension par moments, et surtout, surtout, il sait mettre en avant son atout majeur : Isabelle Huppert. Enchaînant les rôles à la vitesse de l’éclair, elle est ici toujours autant en forme, si ce n’est plus.

Son personnage de Patience Portefeux lui va à ravir. Femme perdue au premier abord, qui se ressaisit vite en faisant appel à son passé pour se créer un futur radieux, on a là une tornade qui gonfle progressivement et nous régale au passage. Les mots d’Hannelore Cayre, également créditée au scénario aux côtés de Salomé, sonnent comme une évidence en sortant de sa bouche, par laquelle elle insuffle au film une puissance comique bienvenue. L’intrigue en elle-même est ce qui maintient éveillé et les interactions, particulièrement celles avec Colette, propriétaire de l’immeuble et “daronne” dans un autre registre visiblement. Les deux, d’abord méfiantes vis-à-vis de l’autre, se comprennent et finissent, de fil en aiguille, par former un duo de choc, preuve que les bons comptes font les bons amis. Le récit se déroule alors sans folie certes, mais sans peine, avec de beaux sursauts d’hilarité et, évidemment, une énergie folle générée par une Huppert en grande pompe.
Une déception donc ? Pas vraiment. Simplement le constat que si “la galérance est finie” pour Patience, elle ne l’est pas pour Salomé qui n’est pas loin de salir le matériau de base, qui vend finalement bien plus de rêve que le rendu visuel qui nous est offert. Une comédie policière mise à l’amende donc, qui sans faire passer un mauvais moment, loin de là, est loin d’être le film de cette rentrée le plus intéressant cinématographiquement parlant…
La daronne de Jean-Paul Salomé. Avec Isabelle Huppert, Hippolyte Girardot, Farida Ouchani, … 1h44
Sortie le 9 septembre 2020.