La dernière fois que nous avons vu une réalisation de Steven Soderbergh sur grand écran, c’était en 2018 avec Paranoïa (entièrement tourné à l’iPhone). Depuis, le réalisateur s’est illustré sur Netflix à plusieurs reprises (The Laundromat et High Flying Bird) avant de débarquer sur HBO Max avec son nouveau drame La grande traversée (Let them all talk en VO), disponible courant avril sur Canal + de par chez nous.
Alice est une écrivaine reconnue ayant déjà reçu le prestigieux prix Pulitzer. En pleine écriture de son nouveau roman, elle n’a laissé fuiter aucune information à sa nouvelle agente Karen qui enrage de ne pas savoir ce qui se trame. Alors qu’un prestigieux prix l’attend à Londres, Alice insiste sur le fait qu’elle ne peut pas s’y rendre en avion. Karen décide de la mettre à bord d’un bateau qui fera la traversée de l’Atlantique. Alice accepte mais à une condition, que deux de ses amies et son neveu fassent le trajet avec elle. Karen accepte et se glisse même à bord du bateau et copine avec le neveu pour glaner quelques informations sur le prochain bouquin d’Alice.
Aux premiers abords, ce film pourrait donner des airs de La croisière s’amuse où trois vielles copines se retrouvent pour s’amuser et parler du bon vieux temps. Que nenni ! Et c’est pas plus mal. Lorsque Karen et Alice dînent ensemble, les raisons pour lesquelles cette dernière refuse de voyager semblent bien obscures. Et ça ne va pas aller en s’arrangeant. Lorsqu’Alice retrouve ses amies Roberta et Susan, l’impression d’un fossé, d’un malaise s’installe rapidement. Cette amitié ne semble pas aussi solide que ça et le temps l’a manifestement dégradée. De son côté, le neveu Tyler a bien du mal à se faire une place dans la société alors qu’il déteste sa famille et ne trouve que du réconfort et un modèle en la personne d’Alice.

Au fur et à mesure que la croisière avance, les langues se délient, les amitiés renaissent, tout comme les rancœurs. Alice, qui apparaissait comme une écrivaine hautaine ayant renié ses amies, est dans une profonde solitude et pleine de doutes alors qu’elle partage ses journées entre natation et écriture, recluse dans sa suite. Celle qui voulait que ses deux amies l’accompagnent ne semble pas intéressée par l’idée de passer du temps avec elles. Le film prend alors une autre dimension lorsqu’il s’agit de dépeindre l’univers impitoyable de la littérature. Tout est affaire de business, que ce soit Roberta qui réclame des royalties sur les histoires d’Alice ou Karen qui utilise Tyler pour savoir où en est l’avancée du bouquin. Cette dynamique est d’ailleurs très bien exploitée et offre une belle amitié ambigüe entre Gemma Chan et Lucas Hedges.
C’est dans son dernier acte que La grande traversée offre un final surprenant mais qui prend évidemment tout son sens : celui de la vérité, de la vie, de l’amitié, de l’amour et de l’inspiration. Malgré une mise-en-scène classique et quelques longueurs, on se réjouit de voir trois légendes du cinéma se donner la réplique : Meryl Streep toujours aussi juste, Candice Bergen hilarante lorsqu’elle passe son temps à vouloir rencontrer des hommes sur le bateau et Dianne Wiest tout en retenue et subtilité.
La grande traversée de Steven Soderbergh. Avec Meryl Streep, Candice Bergen, Dianne Wiest… 1h53
Le 20 avril sur Canal +
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