Les années 80 sont un véritable vivier pour le cinéma d’horreur qui nous a offert des slashers à foison avec une qualité qui pouvait être discutable. Parmi eux, Le jour des fous a de quoi être chaotique mais s’avère être un honnête film d’horreur qui sait s’amuser.
Initialement intitulé April Fool’s Day, les trois réalisateurs George Dugdale, Mark Ezra et Peter Mackenzie Litten découvrent à la fin du tournage en Angleterre qu’un projet portant le même nom a déjà été tourné aux États-Unis. Changement de plan et de nom qui devient Slaughter High en VO et Le jour des fous en VF. Deux titres qui n’ont aucun rapport avec le 1er avril, pourtant une donnée centrale dans le récit. Le film déploie les codes classiques des slashers (Vendredi 13, Halloween, Carrie…) en suivant une bande d’adolescent·es charismatiques mais aussi très con·nes sur les bords qui décident de s’en prendre à Marty, cliché ambulant de l’intello boutonneux féru de sciences et amoureux de LA fille du lycée. Ce qui devait être une simple farce se transforme en accident grave puisqu’une explosion a lieu dans le labo où travaillait Marty, le brûlant sur une grande partie de son corps. Quelques années plus tard, ce dernier n’a rien oublié de ce que lui ont fait subir ses bourreaux et décide de prendre sa vengeance.
Si la séquence d’introduction permet d’établir les rôles de chacun·es et reste très balisée, elle pâtit d’un jeu d’acteur assez… approximatif. Le groupe d’adolescents est déjà adulte au moment du tournage, rendant le tout encore moins crédible. Parmi tou·tes ces débutant·es, Caroline Munro est la seule un peu connue de par ses rôles dans le cinéma bis, en plus d’être la petite amie de George Dugdale. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’elle est la seule femme à ne pas se dévêtir dans le film sur ordre du chef. Film également maudit puisque l’acteur principal qui campait Marty, Simon Scuddamore, a mis fin à ses jours quelques jours après le tournage. Resté deux ans dans le placard, c’est grâce au succès des vidéoclubs que le film a réussit à se faire une réputation plus que méritée, notamment grâce à l’aspect très graphique de ses meurtres.

L’apparence adulte du casting se justifie dans la seconde partie du film lorsqu’iels se retrouvent tou·tes dans leur ancien lycée laissé à l’abandon pour des retrouvailles afin de se remémorer le bon vieux temps. La date correspond avec l’anniversaire de Marty : le 1er avril. Tout se met à déraper lors du premier meurtre, quand un des amis boit une cannette contenant une sorte d’acide qui fait fondre ses intestins comme neige au soleil. De là, le groupe d’ami·es se retrouve soudainement enfermé sans aucun moyen de contacter l’extérieur. Le jeu est lancé et Marty, affublé d’un masque de joker, se met à les traquer un à un. Les auteurs du film débordent d’imagination pour nous proposer des meurtres toujours plus originaux. On aura droit à la jeune femme qui fond dans la baignoire suite à une douche acide, un autre déchiqueté par les pales d’un tracteur tandis qu’un couple est électrocuté en pleins ébats. La tension permanente permet au film de tenir dans sa longueur, empêchant toute prévisibilité malgré, encore une fois, un scénario très balisé qui ne sort pas des clous, au-delà de sa dernière séquence.
Sans jamais transcender le genre, Le jour des fous peut se targuer d’être un honnête slasher qui sait s’amuser tout du long avec le/la spectateur·ice. Oscillant en permanence entre absurdité drôle et désolante, le long-métrage réussit à se faire apprécier de par ses excès et sa seconde partie de plus en plus jouissive à mesure que les meurtres sont perpétrés.
Le jour des fous de George Dugdale, Mark Ezra, Peter Mackenzie Litten. Écrit par George Dugdale et Peter Mackenzie Litten. Avec Caroline Munro, Simon Scuddamore, Carmine Iannaccone…
Film de 1986, sorti le 7 avril 2021 en DVD