“When there’s something strange….in the neighborhood… Who you gonna call? Rose, la monitrice d’auto-école du coin“. Forcément, c’est moins glamour! Pourtant, tout en gardant un ton comique, Extra Ordinary s’annonce comme un anti-Ghostbusters flamboyant, venu tout droit d’Irlande. Présenté au PIFFF, il nous est vendu comme vecteur d’une hilarité assurée. Pas si sûr.
Une originalité…pas si présente.
Dans la lignée de Ghostbusters serait d’ailleurs le terme exact, tant Extra Ordinary s’avère être une comédie sur le thème des fantômes placée sur des rails assez classiques. On y suit Rose, une ancienne exorciste reconvertie suite à un accident ayant coûté la vie de son père, qui accepte de reprendre du service pour séduire le beau Martin. Martin, harcelé par le spectre de son ex-femme, sur le point de perdre sa fille convoitée par un ancien chanteur à succès qui doit sacrifier une vierge pour retrouver du talent. Un pitch qui comporte son lot d’inédits, et garde un ton qui arrive à ménager le/la spectateur·ice à l’aide de bonnes surprises, mais qui ne s’échappe jamais hors des sentiers de la comédie romantique, ou du film d’aventure. Quelques relents de Fantômes Contre Fantômes ou de Jusqu’en Enfer – la frayeur en moins – font souvent surface.

On débute sur le caractère ironique et noir, humour qui pour le coup fait souvent mouche. Mais plus le métrage avance, plus le ventre mou s’installe. La relation entre les deux protagonistes, en jeu amoureux, devient vite du rabâché sans grande saveur. Les quêtes d’ectoplasme, nécessaires pour braver l’incantation piégeant la fille de Martin, offrent une fraction généreuse, notamment dans les scènes de possession, mais deviennent redondantes, n’ayant plus rien d’autre à offrir que des blagues sur « Ouh là là, c’est gluant, c’est dégueu ». On patiente de plus en plus difficilement vers le prochain rebondissement, ou la prochaine apparition de Will Forte en fanatique d’Aleisteir Crowley décadent – on y retrouve là la grandiloquence d’un David Tennant dans le remake de Fright Night, par exemple-. L’acteur s’offre d’ailleurs une grande tranche de cabotinage, et s’en donne à cœur joie dans l’exagération de son personnage complètement has-been et ridicule.
Un tout pour le tout que l’on aurait aimé voir…tout du long.
On ne peut pas en dire autant du reste du casting. Si Will Forte n’est clairement pas subtil, son personnage requiert cette dimension, et le cabotinage fait partie de l’ambiance, faisant de ses apparitions un moment toujours gagnant. La fausseté des autres comédiens, notamment de Maeve Higgins (Rose), fait bien plus forcé, faisant passer le ton du métrage de la comédie à la parodie lourdingue. Malgré tout, nombreux sont les bons moments tant le film cale une immensité d’idées, mais le déséquilibre prédomine. Il n’empêche que le dernier acte, qui ose toutes ses cartes les plus obscènes, est un réel plaisir tant, après un cheminement bien trop prévisible, il parvient à méchamment nous surprendre.

Extra Ordinary est un entre-deux qui devient désagréable par le fait qu’il nous sort bien trop régulièrement de son ambiance décalée par des instants plats où l’intrigue doit avancer. On en aime l’essence, les idées, mais leur exécution trop sommaire et la volonté de rajouter des clichés de genre bien trop éculés nous laissent trop souvent coi. Dans ce tohu-bohu foutraque, on retient que ses auteur·ices intègrent généreusement tout ce qui leur passe par la tête. Moins de sentiers battus, plus de folie notoire dont on les voit bien capables, et leur prochain essai peut être fructueux.
Extra Ordinary, de Mike Ahern et Enda Loughman. Avec Maeve Higgins, Barry Ward, Will Forte…1h38.
Pas de date de sortie pour l’instant.