Ethan Hawke est un acteur qui se fait discret au cinéma. La dernière fois que nous l’avions vu sur grand écran c’était sous la houlette d’Hirokazu Kore-Eda aux côtés de Juliette Binoche et Catherine Deneuve il y a un an. Cette année, direct-to-video avec le biopic Tesla mais surtout Adopt a Highway disponible sur OCS.
Russell sort de prison après 21 ans passés dans sa petite cellule pour consommation de drogue et intention de revente. Jeté en pâture dans une société qui a totalement changé, il essaie de s’adapter tant bien que mal en travaillant quotidiennement dans un restaurant comme plongeur. Alors que sa vie est régie entre boulot, apprentissage des choses élémentaires et dodo à l’hôtel, tout se retrouve bouleversé lorsqu’il découvre un bébé dans une benne à ordures. Totalement inapte à s’improviser comme figure paternelle, Russell va devoir apprendre les rudiments de la vie avant que tout ceci ne lui permette finalement d’avancer et d’enfin prendre ses responsabilités.
Quelle fut la surprise lorsqu’on a découvert que derrière la caméra se trouve Logan Marshall-Green. Celui qui s’est illustré il y a peu dans l’excellent Upgrade entame sa carrière de réalisateir dans l’indifférence la plus totale. Aucune promotion que ce soit ici ou outre-Atlantique (seul Collider nous offre une interview intéressante et complète quant à la création d’ Adopt An Highway). Dommage car le film mérite réellement qu’on s’y intéresse, tant pour ses sujets abordés que pour la force de frappe d’Ethan Hawke.

Le film commence sur une séquence qui interroge les gens sur les peines de prison et à savoir si tel ou tel acte mérite emprisonnement. Un sujet toujours en proie à des discussions au moment des édictions de jugement, mais des détenus auxquels on ne s’intéresse que peu après coup. Que leur réserve la société ? Russell est devenu un employé modèle qui s’acharne à son travail. Arrivé au terme de sa conditionnelle, son contrôleur judiciaire le félicite de son comportement tout en lui demandant désormais de renvoyer régulièrement un document attestant de sa bonne tenue. Un contrôleur judiciaire qui n’a cure de la bonne volonté de Russell, le sommant sans compassion de se débrouiller pour maîtriser l’outil en ligne, sous peine de repartir rapidement derrière les barreaux. La vie de notre héros ressemble désormais à ça : s’adapter ou se faire bouffer. Mais lorsqu’il découvre ce bébé sans défense parmi les ordures, c’est une toute autre voie qui s’ouvre à lui : celle de l’amour.
Pour une mise en jambe, Logan Marshall-Green fait preuve d’efficacité avec un film relativement court (1h24 au compteur) mais qui va droit au but. Largement aidé par un Ethan Hawke qui transcende son personnage derrière ses longs cheveux et sa mine renfrognée. Un personnage qui va se libérer petit à petit, dire enfin adieu à ceux qu’il a perdu et embrasser la vie en offrant une seconde vie à ce bébé. Derrière cet air renfermé se cache un homme sensible et détruit par la vie. Les rares moments où Russell craque sont dans une telle retenue qu’il nous est impossible de ne pas verser une larme à notre tour. Le tout est servi par une photographie qui nous offre des moments sublimes et réconfortants.
Véritable lumière de cette fin d’année 2020, Adopt a highway nous prouve deux choses : que Logan Marshall-Green a peut-être une jolie carrière en tant que réalisateur et qu’on voudrait voir Ethan Hawke beaucoup plus souvent au cinéma.
Adopt a highway de Logan Marshall-Green. Avec Ethan Hawke, Chris Sullivan, Christopher Heyerdahl… 1h24
Disponible sur OCS