Cette année Deauville nous a targué non pas d’un, ni de deux mais de trois films interdits aux moins de 16 ans. Alors que La Tour devrait être interdit tout court et que X nous a fait frissonner à bien des égards, Blood a décidé de jouer la carte du vampirisme pour le meilleur… mais aussi un peu pour le pire.
Après de nombreux problèmes personnels, Jess Stokes s’installe dans l’ancienne ferme familiale en lisière de forêt pour reconstruire sa vie de famille auprès de ses enfants Tyler et Owen. Elle doit se battre contre son ex mari bien décidé à avoir la garde exclusive des enfants. Alors que ces dernier·es s’acclimatent à leur nouvelle vie et que la mère de famille fait tout pour leur prouver son amour, Owen se fait sauvagement mordre par leur chien qui avait disparu peu de temps auparavant. Une tragédie pour la famille alors que le jeune garçon est dans un état critique et que le père de famille voit là un moyen de faire pression pour avoir gain de cause. Miraculeusement, Owen s’en sort et se rétablit à une vitesse surprenante mais un étrange danger l’accompagne, dont seule sa mère est au courant : le garçon a besoin de sang pour survivre.
Le long-métrage sait se tenir durant sa première demie-heure. Les enjeux se dessinent naturellement en posant des bases connues du genre : une ferme familiale au milieu de nulle part, une ambiance lugubre et un mystérieux lac asséché où règne pour seul maître un ancien arbre. Ce chien qui réapparaît transformé nous fait penser à Cujo : le monstre est entré dans la bergerie pour ne plus en ressortir. Il n’en est rien puisque le mal s’insinue désormais dans Owen qui devient à son tour une bête assoiffée de sang que Jess va tout faire pour contenir au péril de sa vie.

Blood est loin d’être inintéressant lorsqu’il se plonge dans la psyché de cette mère, ancienne droguée, qui voit ses rêves de famille réunie totalement brisés par l’accident de son fils. Prête à tous les sacrifices pour son fils, Jess n’hésite pas lui donner son propre sang – laissant des marques que l’ex-mari tente d’utiliser à son avantage -, ou à kidnapper une personne âgée aux portes de la mort, considérant qu’elles n’a rien à perdre. On en arrive au point où on se demande si ce n’est pas elle qui est malade, développant un syndrome de Münchausen par procuration. L’ambiance horrifique présente lors des premières scènes s’estompe lorsque la survie de l’enfant entre en jeu tout comme le peu de scénario qu’il y avait déjà en place.
Si le film est très plaisant à regarder, ça n’en reste pas moins un simple DTV qui n’a pas grand intérêt tant il tombe dans le grotesque à mesure que le récit avance. Tous les éléments sont en place mais Brad Anderson se contente de tourner autour tel un chien reniflant le sol à la recherche de sa balle perdue. Comble du film, on ne saura jamais quel était l’origine du mal, le mystère persistant autour de cet arbre au trou béant. Le réalisateur a de plus la bonne idée de nous targuer d’une scène post-générique, absolument inutile mais qui nous teaserait presque une suite.
Seule “grosse” tête d’affiche de ce long-métrage, Michelle Monaghan s’en sort avec les honneurs au vu du personnage – et de sa carrière -. Malgré tout le mal qu’on en pense, Blood reste un petit plaisir coupable si tant est qu’on fasse abstraction d’un scénario quasi inexistant qui pourra en faire rire plus d’un·e… à moins que ce soit nous qui étions fatigué·es par le Festival.
Blood de Brad Anderson. Écrit par Will Honley. Avec Michelle Monaghan, Skeet Ulrich, Finlay Wojtak-Hissong… 1h48