Même si l’édition 2020 d’Annecy n’a pas pu avoir lieu physiquement, elle a quand même récompensé du Cristal du meilleur film Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary. Le Festival de Deauville lui a ouvert ses portes et c’est ainsi que nous avons pu découvrir un des meilleurs longs-métrages d’animation de cette année.
Le nom de Calamity Jane est familier à tous, grande figure féminine de la conquête de l’Ouest et légende aux mille et un exploits. Mais avant d’être la grande dame que l’on connaît, elle se prénommait Martha Jane Cannary et c’est sur son enfance qu’a décidé de se focaliser le réalisateur Rémi Chayé pour son second long-métrage.
Une enfance imaginée dans laquelle Martha Jane avait déjà un caractère bien trempé. En 1863, un convoi évolue vers l’Ouest dans l’espoir d’une vie meilleure mais son père se blesse accidentellement. Obligé de se reposer, c’est Martha qui prend les rennes de la caravane familiale alors que le reste du convoi est contre l’idée qu’une femme fasse ce boulot. Bien décidée à faire comme elle l’entend, Martha commet la faute de trop : elle revêt un pantalon pour être plus à l’aise avec les chevaux. Comble de tout ça, elle est accusée de vol et contrainte de s’enfuir pour prouver son innocence. À travers les grandes plaines, Martha Jane va construire sa personnalité et devenir la femme qu’on connaît tous.

Exit les grands espaces glacés arctiques qui nous avait enchanté dans Tout En haut Du Monde, Rémi Chayé trouve un nouveau terrain de jeu dans les plaines du Far West où l’on verra évoluer une petite tête brûlée. Il faut dire qu’à cette époque, la femme était consignée à la cuisine et à l’éducation des enfants mais Martha Jane rêve de plus. Elle rêve de liberté, d’être aussi libre de s’occuper de son frère et de sa soeur que des chevaux. Et lorsqu’elle doit prouver son innocence auprès des autres, la voilà embarquée dans un western à hauteur d’enfant où elle croise des bandits, des chercheurs d’or et des hommes… beaucoup d’hommes contre lesquels elle va devoir prouver de quoi elle est capable. Son récit est jonché de rencontres plus drôles, périlleuses et touchantes les unes que les autres, que ce soit Madame Moustache (l’autre femme forte de ce film) ou le jeune Samson avec qui elle noue une belle amitié.
À l’heure où la place de la femme est un sujet nécessaire qui doit être évoqué avec les nouvelles générations, le faire à travers cette figure féminine dans un film d’animation est le combo aussi parfait qu’intelligent. Empowerment et détermination féminine sont les mots-clés de Calamity qui, à travers les péripéties folles de son héroïne, crie à la liberté de la femme et de la fille de ne pas se retrouver dès le plus jeune âge enfermées dans des carcans imposés par la société. Une thématique que le réalisateur avait déjà abordé dans son premier film où l’on retrouvait encore une jeune fille en tête d’un équipage d’exploration pour retrouver son grand-père disparu. Une vraie bouffée d’air frais sublimée par les talents de Rémi Chayé. De par son animation fluide et les détails de ses décors, Calamity nous replonge avec fascination dans les grands espaces du Western.
Calamity, Une Enfance De Martha Jane Cannary a bien mérité la plus haute distinction au dernier Festival d’Annecy. Une magnifique épopée qui sublime la force et la pugnacité de Calamity Jane, à voir de toute urgence.
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé. Avec les voix de Salomé Boulven, Alexandra Lamy, Alexis Tomassian… 1h22
Sortie le 14 octobre
[…] de nouvelles idées, c’est bien le cinéma d’animation. Après le triplé Josep / Calamity / Petit Vampire, et avant Le peuple loup, on peut retrouver en salles Le sommet des Dieux. […]