Dans une petite banlieue norvégienne, quatre jeunes enfants se découvrent lors d’un été. De leurs petits jeux innocents dans les bacs à sable découlent des phénomènes surnaturels qui les dépassent à un tel point que leurs vies seront en danger.
Une bande de gamin·e·s jouant dans la forêt aux alentours de leur HLM, qu’est-ce qui pourrait donc se passer de si mal ? Eskil Vogt dessine dès les premières minutes une atmosphère ultra angoissante. Des tons froids alors que nous sommes en plein été, un complexe HLM vide qui donne des allures de labyrinthe sans fin, une forêt foisonnante à la lisière et quatre gamin·e·s. D’un côté la petite Ida qui vient d’emménager et doit s’occuper de sa grande sœur Anna atteinte d’autisme. Non loin de là, Aisha vit avec sa mère alors que son père est décédé et le jeune Sam qui lui aussi vit avec sa mère et qui devient rapidement le point névralgique du long métrage. Quatre enfants coincés dans cette cité pour l’été et qui se découvrent des points communs dont des pouvoirs surnaturels qui leur permet de communiquer entre eux et de passer des journées entières à s’amuser. Sauf que tout ne se passe pas comme prévu, et tandis que certain·e·s usent de leurs pouvoirs par simple envie de s’amuser, d’autres glissent dangereusement vers le côté obscur. Une bataille entre bien et mal se dessine dans les couloirs de la cité.

Si Brightburn : L’enfant du mal avait été un bon film, ça aurait donné ça. Est-ce qu’un enfant est intrinsèquement bon ou mauvais dès sa naissance ? Le film se pose la question à mesure que ce groupe d’enfants appréhende ses pouvoirs. Iels font leurs expériences pour découvrir le monde et leurs limites quitte à franchir la ligne de trop, celle qui ne permet pas de revenir en arrière. C’est le cas de Sam qui s’engouffre dans une spirale infernale de violence conditionnée par le dégoût de ses petites camarades mais aussi du contexte social dans lequel il vit où on comprend assez rapidement que sa mère est loin d’être un exemple en plus d’être rejeté par les autres enfants de la cité. Des petites accumulations qui, au final, font exploser le garçon. À côté de ça, on a cette magnifique triade de petites filles qui apprennent à se comprendre et à se soutenir face à la menace, en plus d’y ajouter une dimension extrêmement touchante lorsqu’il s’agit d’aborder l’autisme.
Si la mise en place est un poil longue et redondante par moments, le film devient grandiose dès qu’il place le/la spectateur·ice dans le cœur de l’action. La mise en scène offre des moments à couper le souffle, répondant directement au propos de son film tandis que la photographie vient sublimer le tout dans des tons froids et des scènes de visions cauchemardesques à en faire frissonner plus d’un·e. Sans jamais tomber dans l’excès et privilégiant le minimalisme, The Innocents s’offre même quelques effets spéciaux aussi élégants qu’efficaces. Le tout est servi par un casting cinq étoiles qui promet de grands talents. Il est notable et extrêmement appréciable de voir l’inclusivité dont a fait preuve le réalisateur en prenant des enfants de tous les horizons dont la petite Mina Yasmin Bremseth Asheim atteinte de vitiligo, sans en faire un élément de son personnage. Ça peut paraître futile mais bien rares sont encore les films avec des acteurice·s atteint·e·s de cette maladie.
Un film à la proposition unique et forte, à la caméra maîtrisée et au sujet passionnant. Un film de super-héro·ïne·s sombre et intelligent dont on espère une rapide sortie dans nos salles françaises.
The Innocents de Eskil Vogt. Avec Rakel Lenora Fløttum, Sam Ashraf, Mina Asheim, Ellen Dorrit Petersen… 1h56
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