Nous attendions tous (avec une certaine non-impatience) de découvrir qui serait la première personne à dégainer un film sur le confinement. Alors que les États-Unis se préparent à sortir une dystopie dans laquelle le pays est confiné depuis quatre ans (Songbird, produit par Michael Bay) et que notre chère France attend un film de la part de Dany Boon (comme si nous n’avions pas assez souffert), c’est finalement Romuald Boulanger qui se colle à l’exercice.
Que faire lorsqu’on est confiné et qu’on veut quand même garder un semblant de vie sociale ? L’apéro entre amis via webcam. Le meilleur moyen pour maintenir les liens… ou au contraire tout faire exploser. Lorsqu’un de ces amis se fait violemment agresser chez lui, les autres ne peuvent qu’être témoins du drame qui s’opère. Si la soirée n’était pas déjà assez infernale comme ça, l’agresseur semble en connaître un petit peu trop sur chacun des convives. Il est désormais l’heure que chacun règle ses comptes avec leurs soi-disants amis.
À la manière d’un found footage détourné – l’action se déroule ici en direct mais pourrait s’apparenter à un récit retrouvé témoignant du drame survenu – Connectés va, pour suivre le sillon de Unfriended, Chatroom ou encore Searching : Portée Disparue, jouer des nouvelles technologies pour conter sa trame. La webcam, plus immersive, retirant l’effet fictionnel pour entrer dans l’ultra-réalisme, devient caméra, et ces apéros “Zoom” donnent de bien mauvaises idées à nos chers réalisateurs français. L’idée de Connectés, pourtant classique et de nombreuses fois déclinée, était pourtant bonne : que se passe-t-il lorsque tous les secrets que chacun cache sont révélés au grand jour ? L’hypocrisie et les règlements de compte s’invitent dans cet apéro bien amer.

Le principal problème est que le film a été tourné en plein confinement. On se retrouve avec une direction d’acteurs catastrophique. Chacun se retrouve seul devant sa caméra sans jamais trop savoir quoi faire si bien qu’il est impossible de ressentir un tant soit peu d’empathie tant ce n’est jamais crédible. Une drôle d’impression nous submerge au fur et à mesure : celui d’être un invité indésirable de cet apéro virtuel. Le pire dans tout ça, c’est que le film tente de jouer sur les tableaux de l’humour noir et du thriller sans jamais exceller dans aucun des deux. La faute à un scénario totalement paresseux et des dialogues qui ne volent jamais haut. On se retrouve face à un joli petit entre-soi bobo parisien à base d’anglicisme énervant. Un film d’autant plus irritant lorsqu’on se rend rapidement compte que le confinement n’est qu’une idée marketing pour surfer sur l’actualité pour y inclure des vannes à base de masques et de gel hydroalcoolique (ainsi qu’une vanne sur Amazon glissée avec la subtilité d’un éléphant chez les bonnes sœurs). La seule envie que nous donne la vision dudit gel est une ingurgitation pour empoissonnement, afin de réduire le malaise.
Il y a pourtant des moments plaisants, notamment lorsque chacun doit avouer ce qu’il cherchait tant à cacher auprès des autres. Des petits rebondissements par ci, par là plutôt efficaces et bien amenés mais plombés par une absence de mise-en-scène. Là où Unfriended : Dark Web utilisait entièrement les outils mis à sa disposition, Connectés se contente d’aligner les plans fixes sur un écran au design immonde, laissant l’impression de réalisme de côté.
Le confinement n’a fait du bien à personne et c’est certainement pas ce Connectés qui va nous aider à remonter la pente. Alors à tous les réalisateurs dont l’idée de faire un film sur le confinement démange le cul : confinez-vous et confinez votre caméra loin, très loin.
Confinés de Romuald Boulanger. Avec Nadia Farès, François Xavier-Demaison, Stéphane de Groodt… 1h27
Disponible sur Prime Video le 12 novembre
[…] C’était inéluctable. Le cinéma français s’est engouffré dans la brèche avec Connectés qui sentait bon la mauvaise comédie et aujourd’hui c’est le cinéma américain qui lui […]
[…] Connectés de Romuald boulanger est un film post-covid qui… Oups, excusez-nous, on se demandait pourquoi Audrey Fleurot et Michaël Youn avaient un si bel accent anglais. Recommençons. Dans la famille films post-covid, je voudrais un film britannique qui profite d’une situation sanitaire exceptionnelle pour faire un long-métrage Unfriended version wish. Host de Rob Savage est un found-footage en compétition pour le festival de Gérardmer 2021. Première question que nous avons le droit de poser : Pourquoi ? Deuxième question: Non mais vraiment, pourquoi? […]