Sur l’échelle des synopsis absurdes cette année, celui de Michael Sarnoski remporte le trophée haut les mains. Rob est un ancien chef qui s’est reconverti en chasseur de truffes au fin fond de la forêt. Accompagné de sa truie truffière, il vit en ermite et n’a de contact qu’avec Amir qui est son intermédiaire. Lorsque sa truie se fait sauvagement voler, il n’a d’autre choix que de se rendre à Portland, persuadé de savoir où elle se trouve et surtout tout faire pour la récupérer.
On connaît Nicolas Cage, on sait à quoi ressemble sa carrière ces dernières années et on sait à quel point le bonhomme oscille constamment entre nanars direct to video et les petites perles où on se souvient qu’il a quand même gagné un Oscar (coucou Leaving Las Vegas). Pig fait clairement partie de cette seconde catégorie. Celleux qui s’attendaient à une sorte de John Wick où l’acteur dézingue toute personne qui aurait participé de loin ou de près à l’enlèvement de sa chère truie seront déconcerté·e·s de découvrir un portrait intimiste avant un film de vengeance.

Pig, c’est un homme qui n’est plus en phase avec le monde qui l’entoure. La violence des confrontations avec la ville lui rappelle à chaque fois sa déchéance, son statut de chef de renom est certes resté ancré dans les mémoires des gens du métier mais le grand monsieur qu’il était n’est plus. Son restaurant a laissé place à une boulangerie, la cuisine traditionnelle rivalise avec la cuisine moderne et moléculaire à laquelle Rob ne comprend que dalle. À travers ses différentes rencontres, c’est aussi le dessin d’un métier complexe, aux branches multiples qui se croisent et se recroisent pour former un circuit aussi compliqué qu’il est passionnant à appréhender. C’est une lettre d’amour à ce fabuleux métier qu’est cuisinier notamment à travers une scène tout en mélancolie et en douceur où Rob et Amir préparent un dîner pour le père de ce dernier (soupçonné lui aussi d’avoir volé la truie de Rob). La cuisine c’est la passion, ce sont les souvenirs et les émotions qui vont avec. Un peu comme le cinéma finalement.
Malgré le potentiel comique de ce film et de son synopsis totalement farfelu, Pig réussit à rester sérieux tout du long malgré quelques fulgurances assez drôles (la confrontation entre Rob et son ancien commis est aussi drôle qu’elle est criante de vérité). Finalement, qui d’autre que Nicolas Cage pour réussir à trouver la balance entre scènes absurdes et émotions ? L’acteur est transcendant. Il nous accompagne tout du long avec son allure bourrue et son visage fermé. Aussi dur qu’il est bouleversant lorsqu’il s’agit d’évoquer cette truie qui l’accompagne depuis des années ou encore sa femme décédée (disparition dont il ne semble toujours pas être remis). Nicolas Cage encaisse les coups et les mauvaises nouvelles sans rechigner, comme s’il avait déjà abandonné la bataille. C’est beau, touchant, Nicolas Cage est au sommet de son art et ça fait du bien de le voir ainsi.
Avec Pig, Michel Sarnoski et Nicolas Cage forment un duo aussi inattendu qu’efficace. Ne s’aventurant jamais sur le chemin facile du revenge movie, ce film est surprenant de bout en bout.
Pig de Michel Sarnoski. Avec Nicolas Cage, Alex Wolff, Adam Arkin… 1h32
Sortie le 27 octobre
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