L’univers du QCACU (entendez Quiet Casey Affleck Cinematic Universe) continue de s’étendre. Après un frère en deuil dans Manchester by the sea, un fantôme dans A Ghost Story et un père qui essaie de survivre avec sa fille dans Light of my life, l’acteur revêt aujourd’hui la tenue d’un psychiatre qui ne fait pas face à un mais deux deuils dans Every breath you take.
Phillip est un psychiatre qui voit sa vie bouleversée lorsqu’une de ses patientes se suicide. Alors que des lettres sont envoyées au conseil d’administration pointant du doigt sa responsabilité, le frère de la victime arrive en ville pour régler les détails de la vente de la maison. Mais rapidement, il s’immisce dans la vie de Phillip pour la faire voler en éclat. À moins que ce soit Phillip qui commence à devenir fou…

Aux premiers abords, tout semble aller pour le mieux pour Phillip. Sa magnifique maison perchée dans les hauteurs fait rêver. Tout est propre, les livres sont alignés dans la bibliothèque, rien ne dépasse… finalement tout ceci semble cacher quelque chose de plus sombre. En effet, Phillip et sa femme sont en deuil, leur garçon Evan est décédé dans un accident de voiture alors que Grace l’emmenait à son entraînement de hockey. Un décès qu’aucun des deux parents n’a réussi à surmonter et qui a également eu des répercussions sur leur fille Lucy, récemment expulsée de son internat pour avoir pris de la cocaïne en cours de science. Cette vie très bancale que Phillip cache à tout prix auprès de ses collègues va prendre un autre tournant lorsque sa patiente Daphné se suicide après avoir appris la mort de sa meilleure amie. Perturbé par sa mort, il voit débarquer le frère endeuillé qui devient envahissant, surtout auprès de sa femme et de sa fille.
Every breath you take offre une trame très classique dans le genre : un personnage principal qui donne l’illusion que tout va bien, mais qui cache de lourds secrets. L’arrivée du charismatique James Flagg (Sam Claflin) vient tout bouleverser. Lui qui apparaît comme l’homme parfait et à l’écoute pousse Grace et Lucy à tomber dans ses bras. Rapidement, le comportement de James se fait de plus en plus oppressant, angoissant, toujours là au bon moment, à trouver les bons mots pour extirper les vers du nez des proches de Phillip. On l’a bien compris, il veut se venger de la mort de sa sœur par tous les moyens. Alors que le réalisateur aurait pu monter son thriller sur l’ambiguïté des motivations de James, il n’en est rien, tout est expliqué, sur-expliqué avec flashbacks et compagnie. Le film arrive cependant de temps en temps à déjouer nos attentes pour brouiller un tant soit peu les pistes.
Malgré un scénario assez maigre, Vaughn Stein se rattrape avec une photographie extrêmement soignée. Dans des tons toujours froids, il dessine une famille complètement brisée de l’intérieur et offre surtout un antagoniste de qualité. On avait déjà vu l’étendue des talents de Sam Claflin lorsqu’il s’agit de jouer des connards ambulants dans The Nightingale mais il déploie ici une palette assez incroyable entre visage charismatique et pensées psychopathes. S’il y a bien un tableau sur lequel Every breath you take fait un sans faute, c’est sur l’ambiguïté de l’état mental de James Flagg qui oscille constamment entre pervers narcissique et véritable schizophrène.
Sans révolutionner le genre, Every breath you take réussit à nous tenir en haleine jusqu’au bout malgré ses facilités, bénéficiant d’un casting cinq étoiles et d’une photographie assez maîtrisée.
Every breath you take de Vaughn Stein. Avec Casey Affleck, Michelle Monaghan, Sam Claflin… 1h45
Sortie en e-cinema le 4 juin