Si le festival d’animation Anima n’a pas pu se faire physiquement suite aux circonstances sanitaires, cela ne l’a pas empêché d’offrir une édition de qualité. Passant par une plateforme online afin de se dérouler malgré des conditions compliquées, Anima a su offrir une sélection particulièrement réussie. Nous avons donc voulu revenir rapidement sur cinq courts-métrages qui sont parvenus à devenir des coups de cœur, choix assez difficile au vu de l’ensemble.
Précieux , réalisé par Paul Mas : Premier choix évident au vu du prix du jury presse reçu cette année. Usant de stop motion pour parler d’un sujet délicat, Précieux parvient à capter toute la violence de l’enfance dans une histoire qui fait extrêmement mal au cœur. Rappelant Anomalisa par la multiplicité des mêmes visages en dehors de ceux des protagonistes principaux, le film parvient à parler d’inclusion dans un domaine scolaire rude et brutal, que ce soit chez les enfants ou chez des adultes qui n’arrivent pas à appréhender ce regard. Visionnage douloureux mais indispensable.

Navozande, Le musicien , réalisé par Reza Riahi : L’animation du film rappelle la narration de conte. Cela convient formellement et thématiquement à cet ancrage d’une histoire d’amour brisée par un pouvoir écrasant. La place accordée à la musique s’y révèle centrale, au point d’en faire saigner le cœur de douleur. Premier court découvert lors de cette édition, on ne s’en est pas encore remis.

Opera , réalisé par Erick Oh : L’unique mouvement de caméra du film est d’une simplicité absolue, à l’opposé total de la performance technique à laquelle on assiste. On devient ainsi observateur de toute une société miniature, si remplie de détails que plusieurs visionnages ne suffisent pas à capter tout ce qui s’y trame. On parvient néanmoins à y déceler la chute d’un monde et son remplacement par un autre, avec une même forme cyclique qui surprend mais rend la découverte de cet Opera extrêmement grisante.

Souvenir, Souvenir , réalisé par Bastien Dubois : Partant d’un sujet qui semble tabou en France (la guerre d’Algérie), Souvenir, Souvenir parvient à toucher au traumatisme intérieur d’un pays et du doute intime et douloureux d’une histoire familiale. La manière dont le film aborde cela se fait sans jugement et surtout avec plein de questions. Celles-ci alimentent toute la souffrance d’une œuvre qui pousse à l’obligation de voir ce qui s’est passé, qu’importe si le résultat s’avère dévastateur.

Empty places , réalisé par Geoffroy de Crécy : Démarrant d’une forme répétitive de mouvement, Empty Places parvient à marquer une certaine angoisse par le biais de reculs progressifs sur ce qu’il affiche. En dévoilant petit à petit cet univers vide de gens, le court trouve une amertume qui nous blesse progressivement en nous laissant face à un aperçu d’un monde qui continue encore comme si de rien n’était.