Ce n’est que depuis le 6 septembre 2018 que l’homosexualité a été dépénalisée en Inde. Jusque là, les relations homosexuelles étaient passibles de prison à vie. C’est dans cette lutte acharnée pour ce droit à la liberté que s’inscrit Vilom, une histoire d’amour qui ne pouvait que se finir de manière tragique.
Vilom est un jeune homme qui se rêve célèbre. Animant une petite chaîne Youtube, il se pose des questions sur sa sexualité en parallèle. Des questions qui se font d’autant plus persistantes lorsqu’il fait la connaissance d’Amay, un coiffeur ouvertement gay. Dans le même temps, pour le besoin d’un nouveau projet sur Youtube, il rencontre une jeune femme animée par un besoin de liberté et de sexualité totalement assumé. À eux trois, ils forment une sorte de triangle amoureux à l’abri des regards même si la menace n’est jamais loin.
La représentation de couples homosexuels dans le cinéma indien est une chose quasi inexistante, il est d’autant plus plaisant de voir la nouvelle génération s’emparer de ce sujet de société encore tabou (malgré la dépénalisation) pour proposer une œuvre forte et sans filtres.

Réalisateur mais également rôle principal du film, Sunder Pal s’évertue à dépeindre une autre jeunesse, une jeunesse plus libre, connectée et impliquée politiquement alors que la société continue perpétuellement de les restreindre dans leurs mouvements et leurs pensées. En témoigne Amay qui, sur son lieu de travail, ne peut se réjouir des avances quant aux droits des homosexuels sans craindre de s’attirer les foudres de sa patronne. Il vit un amour caché avec Vilom alors que ce dernier est dans le viseur d’une jeune femme venue auditionner pour lui. Paradoxalement, elle qui revendique une sexualité libérée et une liberté de parole, se trouve offensée lorsqu’elle apprend que Vilom est gay. Signe que chacun vit encore avec ses œillères.
Le réalisateur commet pleins de petites erreurs propres à un premier film : une envie de dire beaucoup, tout le temps et de foncer dans le chemin du pathos dès qu’il le peut avec des scènes à rallonge, des violons et des ralentis. Du superflu qui témoigne cependant d’une véritable implication dans ce sujet et une envie de déranger en assommant (au sens positif) le spectateur d’une scène de viol aussi répugnante qu’elle montre ce que vivent les homosexuels dans le pays s’ils osent se montrer tels qu’ils sont.
Vilom est loin d’être parfait mais fait preuve d’une sincérité bouleversante qui nous rappelle à quel point certains pays vivent encore dans la peur.
Vilom de Sunder Pal. Avec Sunder Pal, Ambika Kamal, Navpreet Moti… 1h22