James Wan a ouvert une boîte de Pandore en réalisant Conjuring et en créant sans le vouloir un Conjuring Universe à la qualité plus que discutable dans lequel on retrouve le couple Warren, la Nonne, la Llorona (renommée Dame Blanche pour être plus vendeur) mais surtout Annabelle. Après un premier opus d’une qualité médiocre et avant un troisième opus encore plus mauvais, Annabelle 2 : La création du mal tire, miraculeusement, son épingle du jeu.
Retour en 1946 auprès de Samuel et Esther qui pleurent la mort tragique de leur fille de sept ans, Annabelle. Prostré·es chez elleux, iels finissent par accueillir des années plus tard Sœur Charlotte et six enfants sans toit après la fermeture de leur orphelinat. Parmi elles, Janice – handicapée par la polio – qui se retrouve coincée dans un engrenage terrifiant après avoir fait la connaissance d’une poupée qui est tout sauf anodine.
David F. Sandberg nous avait déjà agréablement étonnés avec son premier long-métrage, Dans le noir qui nous prouvait que le bonhomme en avait sous le coude avec une vision bien à lui de l’horreur et une patte singulière qui dénotait des productions habituelles. Le risque, c’est de se retrouver avec un film parqué par un cahier des charges empêchant toute créativité et seulement là pour attirer l’adolescent en quête de jumpscares à tout va. Heureusement le réalisateur sait où il veut y aller et même s’il le fait à son rythme, il finit par nous surprendre.

La première partie met un moment à démarrer. Après une scène d’introduction qui pose toutes les bases et son ton dramatique, Sandberg aligne les éléments du cahier des charges avec précision mais avec un aspect de déjà-vu. Mais l’horreur s’immisce par touches surnaturelles et un véritable jeu sur la menace hors-champ et le noir s’installe, et fonctionne. La tension monte d’autant qu’on sait pertinemment qu’il nous manque des éléments de cette histoire pour en saisir toute la complexité mais aussi sa dramaturgie. Alors qu’on s’attend à suivre un schéma narratif assez classique, le réalisateur se permet quelques pirouettes pour plonger dans l’horreur pure et dure. Plus le temps de respirer, chaque recoin de l’écran est à scruter pour essayer de deviner d’où viendra la menace, Sandberg le sait très bien et en joue forcément.
Finalement la seule chose qu’on peut regretter avec cet opus c’est de se rendre compte à quel point le réalisateur a été bridé dans ses envies pour coller à un plan marketing bien rôdé. Alors que la fin nous laisse entrevoir toute la perversion du mal qui réussit à faire croire à ses protagonistes qu’ils ont gagnés alors que c’est tout l’inverse, la grosse machine passe par là pour raccrocher les wagons de manière grossière à l’opus précédent. La boucle est bouclée mais laisse un sacré goût amer (surtout quand on voit la tête du troisième opus après).
Tout comme James Wan, David F. Sandberg fait partie des rares réalisateurs à avoir compris les enjeux du film d’horreur sans prendre le spectateur pour un con et réussir à lui proposer un spectacle qui sait allier horreur et dramaturgie. Et ça c’est tellement rare de nos jours qu’on en profite quand on a de tels talents. Alors un conseil, si l’idée vous prend de vous lancer dans la saga Annabelle, regardez le 2 ce sera bien suffisant.
Annabelle 2 : La création du mal de David F. Sandberg. Avec Stephanie Sigman, Miranda Otto, Lulu Wilson… 1h50
Sortie le 9 août 2017