Riders of justice : Ouverture de bal au sommet

Markus est militaire. Alors qu’il doit poursuivre une mission à l’étranger, il est rappelé d’urgence au Danemark. Sa femme est décédée dans un accident de train dans lequel se trouvait également sa fille. Peu présent depuis ces dernières années, la communication a du mal à passer, d’autant plus qu’aucun des deux n’arrive à faire son deuil. Également présent dans le train le jour de l’accident, Otto découvre qu’il se pourrait bien que ce tragique accident n’en soit pas un. Aidé par ses collègues analystes de données (tous les trois renvoyés après une misérable présentation d’un nouvel algorithme), ils vont retrouver Markus pour lui annoncer la nouvelle et mettre en place un plan de bataille pour se venger de la mort de sa femme.

Ce qui s’apparente en premier lieu à un revenge movie offre un sous texte très intéressant. Les trois quarts du film est porté par Markus qui souhaite se venger de ceux qui ont entraîné la mort collatérale de sa femme. Le bonhomme est un soldat, en impose et son manque total d’empathie lui permet de dézinguer à toute vitesse. Cependant il n’est pas tout seul dans sa quête et c’est déjà là que le film se distingue du reste lorsque Markus est affublé de trois gringalets (enfin deux gringalets et un hacker en surpoids) très malins derrière un ordinateur mais moins dans la vraie vie. Sans vraiment réfléchir aux conséquences, ils se lancent avec le militaire dans cette quête de justice alors qu’ils ne savent même pas assembler une arme. Un quatuor assez improbable et pourtant hyper attachant d’autant plus que la fille de Markus n’est pas au courant de ce plan et qu’elle est persuadée que les trois guignols présents sont des psychiatres.

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Cette dimension humoristique permet de casser le rythme très sombre d’autant plus que Mads Mikkelsen en impose sévère derrière son crâne rasé et sa longue barbe. Le bonhomme incapable de communiquer à part en gueulant ou en frappant se retrouve en position de faiblesse lorsqu’il doit accepter le fait que sa femme soit morte. C’est alors que le film prend une toute autre dimension. L’humain a besoin de tout rationaliser pour se rassurer. La fille de Markus en est l’exemple phare. Cloîtrée derrière la porte de sa chambre, la jeune fille passe ses soirées à noter sur des post-its tout ce qui a pu mener à la mort de sa mère : de son vol de vélo, à la voiture qui ne démarre pas… tout ça pour trouver une raison et un coupable tout comme Markus qui abat un par un les prétendus coupables de cet accident. Malheureusement, il existe parfois des moments où l’on ne peut rien expliquer. C’est là qu’il faut apprendre à faire un deuil, à ne pas en vouloir à qui que ce soit pour se permettre d’avancer et de se raccrocher à ceux qui sont vivants pour continuer à vivre.

Anders Thomas Jensen réussit à trouver un juste équilibre entre comédie grâce à nos trois analystes et drame grâce à un Mads Mikkelsen totalement habité et qui trouve grâce à nos yeux dès lors que sa carapace se fend, le tout ponctué par de bonnes tranches de violence pour satisfaire nos petites rétines.

Riders of justice ouvre ce cinquantième IFFR avec panache dans un drame aussi violent qu’il nous interroge plus profondément sur la nature humaine mais aussi le deuil et l’amour. Le tout parsemé d’un humour qui fait mouche !

Riders of justice de Anders Thomas Jensen. Avec Mads Mikkelsen, Nikola Lie Kaas, Gustav Lindh… 1h56

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