Rimini s’est fait expert dans la sortie de séries B horrifiques parfois marquées par les années mais néanmoins divertissantes à découvrir : Happy birthday to me, Terror Train, Le bal de l’horreur, Trauma, etc. C’est avec curiosité que l’on s’est jeté sur leur édition du Métro de la mort, qui a l’avantage notamment de réunir deux grands noms du cinéma d’horreur avec Donald Pleasance et Christopher Lee. Si le résultat s’avère par instants peut-être trop inscrit dans les années 70, il n’empêche que l’on ne s’ennuie pas vraiment devant le film de Gary Sherman.

Situé dans les métros londoniens (à l’instar du sympathique Creep de Christopher Smith), Le métro de la mort s’inscrit visuellement dans une horreur britannique très 70’s, notamment par l’aspect sec quasiment naturaliste des décors. Nous sommes dans quelque chose de très quotidien, à l’opposé des décors gothiques qui ont fait fureur dans les années 60. On peut même ressentir cette inscription dans le ton général du film, très flegmatique et n’hésitant pas à virer par instants dans l’humour noir et le pince-sans-rire. Cela se voit entre autres dans l’interprétation de Donald Pleasance en policier cherchant au mieux à résoudre cette vague de disparitions ayant touché notamment un ancien militaire reconnu.
Le long-métrage de Gary Sherman n’hésite pas à varier les genres au fur et à mesure de son avancée, notamment en touchant à l’investigation policière, au drame quasi social ainsi qu’à l’attendue horreur, plutôt dure par sa représentation de différent·es mort·es. De nouveau, nous sommes dans le sec visuel, à l’opposé de la mise en scène qui sait comment appuyer la crainte d’une scène et l’émotion surprenante d’une autre. À force de naviguer dans tous ces aspects avec une même volonté de réalisme, Le métro de la mort s’éloigne peu à peu du film d’horreur attendu pour mieux tenter de connecter son audience mais sans oublier son aspect graphique dans quelques mises à mort ou certains cadavres purulents ou asséchés.

La froideur de l’ensemble risque de rebuter ainsi que son aspect éloigné du slasher tel que vendu notamment par son titre français. Certaines longueurs pourraient également être mises de côté mais il y a ce quelque chose qui nous accroche, notamment par sa symbolique du métro comme refuge de laissé·es pour compte obligé·es d’aller dans des extrêmes pour espérer survivre. C’est dans sa représentation souterraine que l’on sent d’ailleurs le plus d’émotions et ce malgré une absence de dialogues à proprement parler, là où le monde du dessus semble plus factice, moins chargé par sa clinquance ou son épure de décorum. Le réalisateur assume d’ailleurs cette allégorie par une représentation directe et amère d’une opposition sociale violente aussi bien par fond que par forme.
Emballé dans une édition aussi soignée que ce que l’on peut attendre de la part de Rimini (avec notamment un bon nombre de suppléments et l’habituel livret rédigé par Marc Toullec), Le métro de la mort surprend par sa représentation horrifique tout en rappelant que le cinéma de genre a toujours eu cet acide politique dans ses veines. Cela en fait une série B plus que solide, notamment par ce qu’elle se démarque de ses prédécesseuses et annonce par la suite dans les films d’horreur britanniques à moindres budgets.
Le métro de la mort de Gary Sherman Avec Donald Pleasance,David Ladd, Sharon Gurney,… 1h21.
Sorti en 1972, disponible depuis le 16 octobre en édition Bluray, DVD et livret.
