Récompensé à Avoriaz, à Paris ou même en Catalogne à la fin des années 70, Long Weekend, de l’Australien Colin Eggleston n’a pourtant pas rencontré un succès immédiat. Pire, en Australie, le film fut un échec cuisant. Il a fallu attendre l’essor de la VHS et que la communauté de fans de films d’horreur s’empare de cette œuvre pour en faire un film culte. Si culte qu’il fera même l’objet d’un remake en 2008 avec Jim Caviezel. Après être passé à Gérardmer en début d’année, voici que Long Weekend se retrouve sur nos écrans en version rééditée.
Un jeune couple de citadins décide de profiter d’un long weekend pour s’adonner à du camping sauvage au bord de la mer. Par d’imperceptibles étapes, le décor paradisiaque de plage isolée où ils s’installent se charge de mystères avant de se transformer en un véritable enfer : la Nature paraît soudain prendre une sourde revanche sur la civilisation…
Le parallèle avec Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock (1963) est évident. Les dérèglements provoqués par les hommes et les femmes ne sont pas sans conséquence. La Nature riposte. Après ce plan d’ouverture sur un crabe gravissant un rocher. On apprend qu’une paisible ville australienne est attaquée, sans raisons apparentes, par des cacatoès. Le climat anxiogène se manifeste délicatement. L’inquiétant étrangeté s’installe.
Y a-t-il une cause à ce comportement soudain de la Nature ? La réponse ne laisse que peu de place aux doutes. La construction crescendo de l’œuvre fait écho au comportement de plus en plus détestable des protagonistes, notamment de Peter (John Hargreaves). Odieux avec sa femme Marcia (Briony Behets), il l’est tout autant avec la Nature. Il alterne alors entre propos et comportements sexistes aussi bien qu’avec une forte propension à polluer sans remords (cf. ses multiples jets de bières ou de mégots). Inévitablement, telle une prison, la forêt se referme sur les deux. Iels sont pris en étau, face à leurs propres contradictions : sans futur, sans alternatives. Le couple se déchire autant que la Nature les déchire, les réprime, les maltraite. Et même quand iels réussissent à se débarrasser de leurs maux : les rébus de la société reviennent. On ne serait se soustraire de nos abominations.
Paradoxalement, ce n’est pas la Nature qui tue. C’est bien l’espèce humaine qui se tue et qui se tue avec ses propres armes. Depuis 1978, la problématique ne semble pas avoir évolué, tout comme nos comportements. La Nature semble avoir débuté sa mue, mais nous : serons-nous capables d’en faire autant ? Serons-nous capables de changer de paradigme ? Serons-nous capables d’abandonner un mode de vie oxymorique ?
Long Weekend de Colin Eggleston. Avec John Hargreaves, Briony Behets, Mike McEwen…1h37. Film de 1978, ressortie en salles le 2 octobre 2019.