Remake américain d’Hasta La Vista, Mission Paradis prend également le pli d’un American Pie où l’objectif des personnages principaux est de perdre leur virginité. Sauf qu’ici, il est question d’handicapés, sans vie sexuelle, qui décident de changer la donne en prenant la route direction Montréal où s’y trouve une maison close. Mission Paradis s’offre la difficile tâche de traiter un sujet sensible. Savoir parler de l’handicap, d’autant plus avec une comédie semble être ardue pour son réalisateur Richard Wong. Mais ce n’est pas tout, il doit aussi se comparer indirectement avec le film original. Comme point de départ, on aura connu mieux.
Dans cette aventure qu’entreprennent Scotty, Matt et Mo, on retrouve toute l’importance du voyage initiatique. Formateur et important pour ces aventuriers en herbe à la recherche d’une autonomie abandonnée. Mission Paradis est un Road Trip qui tait son nom, où chaque rencontre, chaque étape, permet aux personnages de se connaître, de se confronter et de faciliter l’acceptation de soi. Un film aussi mobile pour des handicapés est un point intéressant dans la façon dont les personnages sont traités. Car quand on échappe aux moments comiques faciles liés à leur handicap, on découvre de tendres scènes portées sur quelques instants d’autonomie et de festivités où la liberté semble prendre le pas.
Ce qui permet au film d’être au moins sympathique, c’est l’écriture et l’interprétation juste de ses personnages. On adhère très vite au personnage sarcastique qu’est Scotty, qui passe sa frustration dans une agressivité par les mots. Une bonne synergie se dégage de cette bande accompagnée par une rayonnante Sam, la conductrice du van qui les mène à Montréal. Elle amène au groupe une première rencontre de l’extérieur. Leurs problèmes sont tous plus ou moins développés de sorte que le spectateur ne peut qu’être dans une empathie saine. Car oui, il existe de ces films qui dans la volonté d’émouvoir, décident de créer des personnages handicapés aussi épais qu’une feuille A4. On pense notamment au film de Sia qui s’approprie bêtement l’autisme pour en faire quelque chose de vide. Dans Mission Paradis l’enjeu principal est la prise d’une autonomie impossible à avoir par le dépucelage, qui est considéré comme une action permettant un passage à l’âge adulte.
Dans cette volonté de questionner cette marginalité, le film réussit à dépasser le rire et à réellement questionner un certain mal-être. Malheureusement, cela ne l’empêche pas d’être anecdotique. Bien que l’écriture des personnages soit appréciable, on a régulièrement l’impression de voir l’humour, l’écriture des situations être à contre-temps. Beaucoup trop de scènes gâchées par une volonté de gonfler superficiellement le rythme qui doit suivre celui d’une comédie classique alors que c’est bien plus complexe. Mission Paradis est trop absorbé par son histoire pour avoir une ambition cinématographique. Sa mise en scène n’est jamais au service des scènes drôles et participe à ce contre-temps.
Mission Paradis est un film touchant mais oubliable. Touchant car il est appréciable de voir ces représentations surtout avec un casting comme celui-ci et des scènes touchantes d’honnêteté. Cependant oubliable par son écriture comique et sa mise en scène qui manquent profondément de justesse.
Mission Paradis de Richard Wong, avec Grant Rosenmeyer, Hayden Szeto, Ravi Patel, Gabourey Sidibe… 1h46.
Prochainement en salle.