À l’instar de Color Out Of Space, The Hole In the Ground concentre son action dans une maison reculée en campagne, cette fois-ci en Irlande. Sarah et son jeune fils Christopher viennent s’y installer suite à une séparation, et un trou béant dans la forêt voisine vient chambouler leur mince équilibre….
Le diable est dans les détails
Fines les lumières stroboscopiques et l’effusion visuelle, Lee Cronin ancre sa mise en scène dans un réalisme glaçant, où les changements prennent place progressivement, jouant sur des mini-détails magnifiés par une mise en scène très proprette pour un premier long. Il faut s’attacher sur ces détails en réalité nombreux pour apercevoir les modulations, notamment dans le comportement de Christopher. Après sa rencontre avec Noreen, ayant subi un épisode traumatisant dans sa jeunesse et déambulant sur les routes depuis, et son mari Des qui refuse de dévoiler les éléments de son traumatisme, Sarah est convaincue que le Christopher qui partage sa maison n’est pas son fils. Possession, Doppelganger ? Tout converge vers ce trou dans le sol, gardien de tous les mystères.

On nous annonce le goût de terre, on en récolte du savon doux
C’est d’ailleurs dans ce mystère autour du fameux trou que le film peine à nous accrocher. En choisissant d’observer le spectre de Christopher, d’amorcer peu à peu sa persuasion pour finalement se confronter aux entités lui ayant enlevé son fils, Sarah n’entre jamais en interaction avec l’étrangeté que l’on soupçonne depuis bien trop longtemps. Si l’ambiance faisant penser à Ari Aster dans Hérédité doit prendre son temps pour se poser, s’immiscer dans le quotidien pour le tordre peu à peu, tout est compris trop vite, et à partir de là, on attend juste que le climax survienne. Écrit comme un court pour être étiré en long, The Hole In The Ground n’est pourtant pas dépourvu d’intérêt, mais lorsque la fameuse apothéose arrive, et avec elle l’imagerie crasseuse qui prend le dessus, on est déjà indifférent·e.

Déception tant les thématiques sont nombreuses. Détachement de l’enfant suite à une perte de repères par la séparation et le déménagement, le changement de comportement de Christopher, qui s’indépendantise de sa mère, peut se voir aussi comme une libération pour cette dernière, frustrée d’avoir dû abandonner ses études pour choisir sa grossesse. Dans un équilibre où mère comme enfant ont besoin de se retrouver pour s’épanouir, l’envie de liberté s’oppose à la peur de perdre l’autre, et le filtre du miroir est parfait pour cela.
The Hole In The Ground veut prendre son temps, rare atout de nos jours, mais le prend peut-être un peu trop, d’autant qu’il est très conventionnel dans ses événements et ne peut pas jouer la carte de la surprise. On en retient un cinéaste capable, qui nous surprendra probablement par la suite.
The Hole In The Ground, de Lee Cronin. Avec Seana Kerslake, James Quinn Markey, Kati Outinen…1h31.
Pas de date de sortie prévue pour l’instant.
[…] offrir une sélection digne de ce nom. Si tout ne nous convainc pas – on pense notamment à The Hole In The Ground, bien trop sage -, d’autres sont de véritables plaisirs qu’il aurait été difficile […]