Présenté en ouverture de cette édition 2019 du PIFFF, Color Out Of Space a tout pour attirer les foules. Grand retour du réalisateur maudit Richard Stanley derrière la caméra (ici invité d’honneur car déjà venu présenter en séance classique son premier film, Hardware (1990) pour l’édition 2015) mais aussi adaptation de l’auteur favori des amateurs de magie noire, H.P Lovevraft. Quand on connaît l’amour de Stanley pour l’écrivain, ça fait sens.
Color Out Of Space donne encore plus envie qu’il comporte en son casting Nicolas Cage, dont l’investissement sur ses derniers efforts fait largement oublier sa traversée du désert artistique. Univers « lovecraftien » oblige, on retrouve les couleurs de Mandy, de Panos Cosmatos, dans lequel il nous avait régalé lors de l’édition 2018 de l’Étrange Festival. Ici encore aux confins de sa propre folie, il nous livre une interprétation entière, où il n’hésite jamais à forcer le trait, créant autant la terreur que des moments d’hilarités envers Nathan Gardner, pauvre fermier mené peu à peu vers la folie notoire à mesure qu’il doit défendre mais aussi se débarrasser de sa famille. Le pitch est simple : une météorite tombe dans le jardin des Gardner, et contamine l’eau. Peu à peu, la faune locale commence à muter, et les comportements des membres de la famille Gardner aussi…

Beauté colorée, malheur assuré
Contrairement au livre donnant la vedette à un inconnu venu d’ailleurs, alors venu étudier les phénomènes pour se diriger vers la ferme des Gardner, épicentre de la désolation qui s’inflige sur ces terres du Massachussets, Richard Stanley, en partie pour des raisons budgétaires, axe son récit sur la ferme. On ne quitte que rarement le terrain des Gardner, faisant du couple et de leurs enfants les personnages principaux de l’intrigue. Le regard extérieur se constitue en la personne de Ward Phillips, spécialiste des eaux qui découvre trop tard la malédiction pesant sur la famille. On assiste à ces changements de plein fouet, voyant les personnages se déliter pour laisser place à leur paranoïa, accentuée par la rage qui les habite à mesure qu’ils consomment cette eau, mais aussi leurs changements physiques. Tout commence par la mutation des insectes, qui se mettent à arborer des couleurs flamboyantes avant d’entrer en communication avec le plus jeune enfant de la famille, jusqu’aux bras de Nathan, qui s’écaillent, leur donnant un aspect reptilien. Évidemment, ce n’est qu’un début, le/la spectateur·ice n’étant pas au bout de cette plongée dans l’étrange et le malsain.

Le viscéral sans détour
Les changements ne se font pas sans les scènes horrifiques qui vont avec, et dans lesquelles Richard Stanley excelle. Lui qui n’a pas tourné d’oeuvre de fiction depuis sa débauche de l’Ïle du Docteur Moreau (1996) n’a rien perdu de sa superbe, offrant une esthétique qui colle parfaitement à l’univers de Lovecraft, et qui n’hésite jamais à tenter ses effets sans jamais tomber dans le ridicule. Le rire est provoqué par les exagérations de Cage, elles-mêmes justifiées par la perte de repère dont le personnage est atteint. Ainsi, on franchit des paliers d’horreurs, jusqu’à des extrêmes que l’on n’imaginait pas lors des premiers rebondissements, quant à eux déjà bien graphiques. Color Out Of Space parvient à captiver, nous faisant détourner les yeux à plusieurs reprises mais nous rappelant toujours à l’écran, à l’image de ses fascinantes couleurs magenta qui émanent du puits.
À l’instar de nombre de films qui sont présentés au PIFFF cette année, Color Our Of Space n’est pas à mettre devant tous les regards. Avec cet excellent film d’ouverture, le festival tient ses promesses, et on se languit de voir la suite de la programmation. Quant à la carrière de Richard Stanley enfin retrouvée, le réalisateur nous a confié que deux nouvelles adaptations de Lovecraft lui ont été proposées. On n’a pas fini de se régaler avec ce sorcier de la caméra.
Color Out Of Space, de Richard Stanley. Avec Nicolas Cage, Joely Richardson, Elliot Knight…1h51
Sortie prévue pour 2020.
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