Avec une carrière plus que prolifique et couronnée de succès – et alors que l’on attend impatiemment Comment Vivez-Vous, le métrage sur lequel il s’atèle depuis quatre ans -, il est difficile de piocher dans la filmographie tant tout, du Château de Cagliostro au Vent Se Lève, est un régal. Parmi les derniers, on retrouve Ponyo Sur La Falaise qui est à la fois une réponse aux maux et incertitudes de la société contemporaine mais aussi une revisite très personnelle du conte de Hans Christian Andersen : La Petite Sirène.
C’est dans un petit village perché sur une falaise que vit le jeune Sosuke. Téméraire et fasciné par le monde marin, il trouve au bord de la mer un poisson coincé dans un bocal. Une fois sauvé, il décide de le garder avec lui et de l’appeler Ponyo. Une vraie relation s’installe alors entre les deux mais elle est rapidement interrompue par le père de Ponyo – un sorcier autrefois humain qui vit désormais dans les profondeurs de l’océan – qui la ramène sous la surface. Sauf que Ponyo a décidé de devenir humaine coûte que coûte pour retrouver Sosuke. Grâce à ses sœurs, elle s’échappe et répand en même temps l’Élixir de vie qu’a concocté son père. Résultat, les petites sœurs deviennent des vagues géantes qui engloutissent le petit village. Sosuke et Ponyo vont devoir alors tout faire pour retrouver la mère de ce dernier.
Sorti en 2009, Ponyo sur la falaise est l’avant-dernier film réalisé par Miyazaki. Celui qui s’est illustré pendant des années par sa maestria continue dans sa lancée avec le mythe de la petite sirène. Une créature du fond de l’océan qui tombe amoureuse d’un humain et qui décide à son tour de devenir humaine envers et contre tous. Ici, un petit poisson qui se lie d’une amitié très forte avec un garçon mais qui va devoir faire des choix et s’assumer. La force du film réside dans son regard. Malgré ses années d’expériences, Miyazaki met son regard à taille d’enfant. En résulte un travail des tailles qui impressionne, que ce soit les hautes falaises, le monde marin qui semble infini et surtout toutes les scènes impliquant les sœurs de Ponyo transformées en vagues gigantesques. L’esthétique du film nous aspire dans ce voyage grandiose, visuellement splendide et riche de détails. Du haut de ses cinq ans, Sosuke est un petit garçon sûr de lui, qui sait ce qu’il veut et qui va devoir s’improviser petit marin pour retrouver sa mère. Mais le film ne serait rien sans la petite Ponyo, héroïne moderne en quête d’indépendance et curieuse de la vie. Ce petit duo est absolument exquis tout au long du film.

Mais Ponyo Sur La falaise c’est aussi une fable écologique (comme on en retrouve régulièrement que ce soit Le château dans le ciel ou Nausicaä De La Vallée Du Vent) où la nature reprend ses droits avec une force dévastatrice. C’est un conte sur la faune maritime, celle qu’on ne voit pas mais qui existe, celle qui recèle encore de magnifiques trésors qui feraient peut-être mieux de rester enfouis. C’est aussi un conte intergénérationnel où se côtoient les plus jeunes, les parents et les grands-parents dans une joyeuse fresque qui met autant l’humain que la nature au centre de tout.
Le coup de crayon de Miyazaki est toujours aussi précis, libre et inspiré. L’animation fluide sait se faire pressante lors des scènes d’actions (toutes celles qui concernent la mer et ses vagues sont époustouflantes de poésie et de beauté) et plus calme lorsqu’on suit Ponyo et Sosuke comme leur petite balade dans leur bateau au gré des rencontres.
En terme d’animation et d’équilibre scénaristiques le studio Ghibli est un maître en la matière et si Ponyo Sur La Falaise est de ceux qui séduiront les plus jeunes et rendront les plus grands totalement gagas face à tant de tendresse, il est certain que tout ceci ne serait pas possible sans le talent du grand Hayao Miyazaki.
Ponyo Sur La Falaise de Hayao Miyazaki. 1h48
Sorti le 8 avril 2009, actuellement disponible sur Netflix
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