Second long-métrage du réalisateur franco-britannique Yann Demange, “White Boy Rick” (traduit “Undercover : Une histoire vraie” de par chez nous, allez savoir) est sorti le 14 septembre 2018 aux États-Unis et le 2 janvier 2019 dans nos contrées (allez savoir aussi). Comme son sous-titre français l’indique, le film est inspiré d’une histoire vraie : celle de Rick Wershe Jr., un jeune adolescent américain alors âgé d’une quinzaine d’années, fils de marchand d’armes à feu, indic un temps pour le FBI et qui, après avoir prospéré pendant quelques années grâce à son activité de dealer, fini emprisonné à vie pour possession de plus de 8 kilos de cocaïne à une époque où 650g étaient suffisants pour garantir la prison à vie.
Film biographique avec, l’on imagine, sa bonne dose de fictionnalisation, “Undercover” nous fait suivre un jeune Rick Wershe durant les années 80, vivant alors dans la banlieue de Detroit à une époque où la ville doit toujours faire face à une crise suite au déclin de son industrie plus tôt dans les 70s. Si ces détails historiques semblent transparaître quelque peu à travers le film (surtout à son début en réalité), ils ne sont malheureusement pas réellement traités au sein de celui-ci, le réalisateur faisant le choix de donner à son œuvre une acception bien moins large, s’attardant ainsi assez peu sur la situation socio-économique de l’époque et peut-être plus sur la situation personnelle du personnage principal. Effectivement, l’on ressent tout au long du film que l’histoire de Rick est moins celle d’un jeune adolescent qui deale pour s’en sortir et se sentir important que celle d’un adolescent qui cherche à substituer à sa famille “bancale” une famille plus “stable”. Son père est un vendeur d’armes à la manque, sa sœur une junkie qui sort avec un homme qui la bat, et ses grand-parents ne semblent pas savoir parler autrement qu’en hurlant… Ainsi l’histoire de Rick devient certes celle d’un jeune blanc qui se fait sa place au sein du milieu criminel représenté comme majoritairement afro-américain de l’époque (d’où viendra son surnom de “White Boy Rick” traduisible grossièrement en “Rick le Blanc”) mais également celle d’un jeune garçon qui va vraisemblablement tenter de stabiliser sa situation familiale, que ce soit en trouvant initialement sa place dans un gang d’afro-américains, ou en pensant plus tard pouvoir stabiliser sa propre famille grâce à sa propre réussite dans le milieu. Autant, dès l’ouverture du film, Rick Wershe et son père nous sont introduits comme clairement antipathiques autant l’on ne peut s’empêcher, au fil du film, de sentir une histoire humaine derrière celle de la criminalité. Le film n’esquive toutefois pas la question de la responsabilité du système et des fédéraux dans l’histoire de Rick et notamment concernant sa chute, puisque c’est pour servir d’indic au FBI qu’il intègre premièrement le milieu criminel de Detroit, ce même FBI qui refusera plus tard de défendre le jeune Rick alors qu’il est condamné à la prison à vie à l’âge de 17 ans.
Sous couvert de relater une histoire vraie, Yann Demange semble au final nous servir une jolie histoire de famille, d’autant plus maîtrisée que le film peut s’appuyer sur une solide photographie et des acteurs principaux inspirés, la dynamique McConaughey-Merritt notamment (incarnant donc les deux personnages principaux, à savoir le père et le fils Wershe) étant particulièrement réussie. Couvrant l’histoire du jeune dealer de ses débuts à sa chute, “Undercover” est un film simili-biographique qui voit se mélanger l’Amérique de la fin des 80s, vendeurs d’armes à la petite semaine, gangster qui réussissent et agents du FBI peu scrupuleux, dépeint un univers dans lequel presque tout les retournements sont soudains, et finit par être un film qui réussit à ne pas être sur une entreprise criminelle mais sur les histoires humaines derrière celle-ci.
Undercover – Une histoire vraie de Yann Demange. Avec Matthew McConaughey, Richie Merritt, Bel Powley… 1h51
Sortie le 2 janvier