L’annonce de Metropolitan quant à la sortie en salle de Un talent en or massif (où Nicolas Cage joue son propre rôle, un acteur endetté jusqu’au cou obligé de se rendre à l’anniversaire d’un super fan qui s’avère être un super criminel, tout un programme) a de quoi faire jubiler et cerise sur le gâteau, Willy’s Wonderland (un des nombreux Direct to video que Cage fait ces dernières années) débarque en même temps en SVOD. Au programme : un Nicolas qui grogne, qui fait le ménage et qui dézingue des animaux et marionnettes animatroniques possédés.
Contrairement à un Bruce Willis qui ne vit que plus que pour cachetonner dans des productions risibles qui finissent inlassablement dans les limbes de la VOD, Nicolas Cage a encore l’avantage de proposer de temps en temps de vrais bons films. On pourrait vous citer Mandy ou plus récemment Color out of space qui nous rappellent que l’acteur en a encore sous le pied quand il le veut. C’est dans cet enchaînement aléatoire de bonnes et mauvaises productions que débarque Willy’s Wonderland, un trip maléfique au pays des marionnettes flippantes qui chantonnent des airs insupportables au bout de cinq secondes.

Nicolas Cage n’aura pas eu trop d’efforts à faire pour ce rôle puisqu’il ne prononce pas une seule ligne, même pas son prénom. Les emmerdes arrivent très vite pour notre homme à tout faire qui crève ses pneus en roulant sur une ceinture cloutée qui n’a pas été mise là par hasard. Rapatrié par le garagiste du coin dans un village paumé, il lui propose un marché : passer la nuit à nettoyer Willy’s Wonderland, un parc d’attraction fermé depuis des années suite à de sordides affaires d’agressions, en échange d’une réparation gratuite. Cage n’a pas le choix, il accepte, enfile un t-shirt et s’empare d’une éponge à récurer. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que cet endroit est hanté par des marionnettes et qu’elles comptent bien le tuer. Ce qu’elles ne savent pas encore, c’est qu’il ne compte pas se laisser faire.

Très rapidement, Willy’s Wonderland joue de son ambiance austère. Les ruines abandonnées d’un parc d’attraction qui fut flamboyant il y a quelques années laissent deviner le pire. Derrière le sourire angélique de chat orange (qui fait plus flipper qu’autre chose) se cache une sombre malédiction, un pacte passé avec les habitant·es du village qui permet aux âmes coincées de se nourrir des voyageur·ses qui auraient la malchance de passer dans le coin. Coincé dans cet endroit devenu lugubre et rempli de vestiges d’une gloire passé, notre homme à tout faire n’a pas l’air de se décontenancer, prenant très à cœur sa mission de nettoyage. Celleux qui étaient censé·es l’effrayer se retrouvent face à une machine de guerre, prête à leur exploser le crâne si jamais iels osent l’emmerder. De bien chouettes moments où tous les coups sont permis sur fond de musique enfantine qui offre un décalage qui donne tout son charme. Le film sait trouver un équilibre amusant entre Nicolas Cage qui active le mode bulldozer, Nicolas Cage qui active le mode femme de ménage minutieuse et Nicolas Cage qui fait sa pause (prévenu par la petite alarme programmée sur sa montre), boit de la bière et joue au flipper. L’arrivée du groupe d’adolescent·es bien décidé à détruire cet endroit maudit n’offre pas nécessairement quelque chose en plus excepté quelques tueries bien senties et assez drôles à voir comme le couple trop occuper à batifoler pour remarquer le crocodile qui les observe.
La seule chose assez regrettable, c’est justement tout cet imaginaire qui n’est finalement pas mis à contribution. On frisonne à certains moments mais on aurait aimé que le film joue sur l’aspect enfantin, ses marionnettes et ses chansons flippantes pour créer le malaise qui permettrait justement de se sentir aussi oppressé·es que les personnages. Malgré la photographie plutôt sympathique et ses jeux de couleurs, la mise en scène très plate et ses scènes de bagarres coupées à la hache gâchent le plaisir absolu qu’aurait pu procurer ce genre de film.
Loin d’être désagréable, Willy’s Wonderland se laisse regarder pour ses quelques moments drôles et/ou horrifiques mais surtout pour la présence et la prestation d’un Nicolas Cage qui a juste besoin de grogner pour réussir à attirer notre attention (prends en de la graine Liam Neeson).
Willy’s Wonderland de Kevin Lewis. Écrit par G.O Parsons. Avec Nicolas Cage, Emily Tosta, Beth Grant… 1h29