Les premiers chiffres montrent l’engouement du public (français notamment) pour Spider-man : No Way Home avec toujours Tom Holland dans le rôle du Tisseur et Jon Watts derrière la caméra. Marvel intègre cette fois la question du multivers au cinéma, déjà évoqué dans la franchise Avengers, pour un résultat décevant compte tenu des enjeux possibles.
Le film redémarre de suite à la fin de Far From Home, Spider-man voit sa véritable identité révélée aux yeux du monde entier par Jonah Jameson, ce qui l’empêche lui et ses ami·es de pouvoir accéder au prestigieux MIT. Peter Parker va donc voir Doctor Strange pour lui demander s’il serait possible qu’une incantation magique fasse oublier au monde entier qui est Spider-man. Un sort raté qui entraîne des bouleversements de réalité(s) et ramènent tous ceux qui connaissent l’identité secrète du super-héros.
Après des années à teaser son univers étendu et cosmique, le Marvel Cinematic Universe rentre (enfin) dans le multivers : plusieurs univers qui vivent simultanément, plusieurs réalités qui cohabitent. L’idée était déjà présente dans Avengers : Endgame lorsqu’il fallait retourner dans le passé pour retrouver toutes les Pierres d’Infinités (et donc retoucher au passé pour modifier le présent). Dans No Way Home, c’est la réalité du héros qui est altérée, un propos qui peut être intéressant (s’il est bien traité). Au-delà de l’apparition des méchants venus du passé de Spider-man (enfin, des différents Spider-men), c’est le traitement du personnage du Tisseur qui doit être important. C’est à lui de s’interroger sur son identité et ses actes. Le multivers est aussi un moyen de questionnement, qui pousse chaque personne à se poser la question sur son unicité dans l’existence.
Commençons par les fameux méchants avec au casting le Docteur Octopus, le Bouffon Vert, le Lézard, Electro et l’Homme Sable. Plus besoin de les présenter, le public les connaît et les reconnaît, tout le marketing a axé le propos du film sur eux de toute façon. Leur utilisation est fainéante au possible, aucun ne semble avoir de réelles intentions : Octopus est juste une marionnette scénaristique, l’Homme Sable et le Lézard sont visuellement moins réussis que dans leurs films respectifs, le Bouffon Vert cabotine la plupart du temps… Pourtant, leurs présences dans cet univers posent une question intéressante : faut-il les renvoyer chez eux (où leur destin est de mourir) ou tenter de les « guérir » ? Malheureusement, tout est traité de manière enfantine avec le personnage de Tante May qui sermonne Peter pour ne pas les renvoyer chez eux et tenter de trouver/soigner l’origine de leurs maux. Tous les questionnements de Spider-man sont soit faussés soit exécutés à la tractopelle (comme ici), sans saveur ni ressenti.

Cela nous amène au deuxième problème : la gestion de la dramaturgie, ou quand ni le scénario ni la réalisation ne sont à la hauteur. Le multivers et ses enjeux dépassent totalement Jon Watts, et ce qui aurait dû être fou n’est qu’un immense gâchis numérique conditionné par le fan-service. Logique quand c’était le seul argument marketing lors des diffusions des bandes-annonces. Il n’est pas le seul à blâmer, l’écriture ressemble plus à une fan fiction se basant sur pas grand-chose et tentant de justifier les comportements incohérents de certains personnages (Doctor Strange, Octopus…). L’humour est également trop mal dosé et très lourd, éclipsant des moments qui se voudraient iconiques. La mise en scène rate également le véritable enjeu du film en plaçant son exploration (ratée) du multivers au-dessus de tout. Le cœur se trouve dans le personnage de Peter Parker, pas de Spider-man, et de sa relation avec MJ. Le dernier tiers du film aurait dû leur offrir des moments forts, ramenant la notion de super-héros à quelque chose de simplement humain. Il n’en est rien, la narration préférant suivre la démarche initiée par le marketing : offrir aux fans ceux qu’iels veulent, qu’importe comment.
Visuellement brouillon et mal écrit, No Way Home rate sa vocation et son virage du multivers. Marvel et Sony ont gâché l’idée de faire un film intime sur la relation Peter Parker/MJ au profit d’un multivers uniquement présent pour faire revenir des personnages des autres franchises et leur faire endosser le costume du clown. Après un Homecoming gentillet et un Far from Home plus que décevant , Jon Watts et les scénaristes tentent de copier le concept du merveilleux Spiderman Into the Spider Verse mais se font totalement dépasser par les deux maux modernes du blockbuster : le fan service et la nostalgie.
Spiderman No Way Home de Jon Watts et écrit par Chris McKenna et Erik Sommers. Avec Tom Holland, Zendaya, Alfred Molina… 2h29.
Sorti le 15 décembre 2021 au cinéma.
[…] on voit une fin d’année comme celle-ci, où un Matrix et un Spider-Man font leur apparition comme une énième extension d’un univers, nous avons le droit […]
[…] meilleur tandis que certains industriels frottent les fandoms dans le sens du poil quitte à offrir des titres oubliés une fois que la bulle Internet passe à autre chose, il y a une satisfaction sincère à découvrir un opus comme ce Scream, fan service sans […]
[…] se soucier des questions de mise en scène, de trame narrative ou d’identification (comme avec Spiderman : No Way Home). Or, même avec des films à très gros budget, le cinéma a toujours eu une volonté de perturber […]
[…] Trop en faire n’est clairement pas une idée fine, notamment quand on a déjà bouffé du multivers foireux et des caméos cache-misère à foison côté Marvel. Après avoir atteint le fond à de multiples reprises, le DCEU prouve que son budget passe dans la […]