Après trois courts-métrages entre 2008 et et 2012, le réalisateur austro-égyptien A.B Shawky ne fait pas les choses à moitié puisque son premier long-métrage Yomeddine se retrouve en compétition officielle. Et le moins qu’on puisse dire c’est que pour un premier essai le jeune homme s’en sort pas trop mal du tout avec un incroyable road-movie aussi touchant qu’il est vivifiant.
Beshay est un lépreux qui vit depuis sa jeunesse dans la léproserie du désert égyptien mais à la mort de sa femme, il décide de se mettre en route avec son âne en quête de réponses et peut-être retrouver sa famille qui l’a abandonné là-bas il y a bien des années. Avec lui, le jeune Obama, orphelin nubien qui le suit comme son ombre l’accompagne dans cette aventure qui l’amènera à se poser des questions sur soi et sa place dans la société.
Yomeddine signifie en arabe “le jour du jugement dernier” et bien que le film n’a pas de prime abord une portée religieuse, ce jour est l’un des jours les plus attendus pour Bershay puisqu’une fois mort tous les êtres humains seront jugés pour ce qu’ils ont fait, pas pour ce qu’ils sont. Une fois en dehors du “cocon” que crée la léproserie, Beshay fait face à la dure réalité, même s’il est guérit de la lèpre, les cicatrices resteront à vie tout comme le regard des gens que ce soit les femmes qui lui demande de ne pas se baigner dans l’eau de la rivière pour ne pas la contaminer – alors qu’elle fait baigner sa vache – ou un prisonnier qui refuse d’être dans la même cellule que lui si bien que son comparse Obama fabrique pour lui un chapeau avec un voile pour cacher son visage aux autres.
Tout était réuni sur papier pour effrayer le spectateur à l’idée d’un film larmoyant tirant sur toutes les cordes sensibles et imaginables mais A.B Shawky refuse de tomber dans l’apitoiement, ponctuant ses dialogues de boutades que ce soit sur les autres ou sur les handicapés. Ce road-movie tient à bout de bras grâce à Rady Gamal dont c’est la première fois devant une caméra et qui a pourtant déjà l’étoffe d’un acteur à la fois drôle, touchant et d’une énergie contagieuse capable de déplacer des montagnes. A ses côtes le jeune Ahmed Abdelhafiz offre une véritable fraîcheur au film de par sa joie de vivre et son entêtement à rester avec Beshay qu’il considère comme une figure paternelle après s’être échappé d’un orphelinat où il se faisait battre par les autres élèves.
Véritable road-movie de deux êtres brisés par la vie qui ne trouveront le salut qu’après un chemin semé de sacrés embûches, Yomeddine n’en reste pas moins un film d’un amour débordant pour ces personnes rejetées de la société, solaire et qui fait sacrément du bien. Aucune date de sortie n’est encore prévue mais on espère qu’elle arrivera vite.
Yomeddine de A.B Shawky. Avec Rady Gamal, Ahmed Abdelhafiz… 1h37
Sortie le 21 novembre