[CRITIQUE] L’École de la vie : Entre rires et désillusions

Ils ont tous entre 40 et 50 ans mais sont encore considérés comme des enfants. Anita, Rita, Ricardo et Andrés sont trisomiques, ils sont atteints du syndrome de Down. La réalisatrice Maite Alberdi les a suivi dans leur école au Chili où, en plus d’apprendre à faire de la pâtisserie, ils apprennent petit à petit à devenir autonome. Mais chacun d’entre eux rêve d’être indépendant. Anita et Andrés souhaitent se marier tandis que Ricardo espère économiser assez d’argent pour devenir propriétaire.

Près de 40 ans qu’ils fréquentent la même école. Anita en a marre d’être là. Elle rêve d’autre chose et ça tombe bien, elle est amoureuse d’Andrés et ils veulent se marier mais au Chili il est impossible pour des gens porteurs du syndrome de Down de se marier. Ahurissant hein ? De plus, Anita se retrouve aussi face à une mère réticente quant à l’idée de laisser sa fille voler de ses propres ailes. Pendant 1h22, la réalisatrice chilienne nous entraîne au coeur de cette joyeuse bande et nous fait partager leur quotidien que ce soit l’élection du président largement truquée à base de sucettes données à ses petits camarades, Rita qui vole la nourriture et boit du soda en cachette alors que sa mère l’a interdit et surtout le pilier central de tout ça : la relation qu’entretiennent Anita et Andres. Ils souhaitent se marier mais doivent faire face à bien des obstacles dont un ultime qui viendra tout bouleverser et mettre un point d’orgue à ce film.

Point de pathos ici. Les adultes ne sont jamais présents, se devinent hors-champ dans une profondeur de champ floue. D’ailleurs les adultes n’ont rien de bienveillant ici que ce soit la mère d’Anita qui refuse qu’elle se marie ou encore la grand-mère de Ricardo qui ne cesse de lui répéter qu’il est débile. Pas de scénario, le tournage est fait sur un an. Rien n’est écrit à l’avance, rien n’est prémédité et le naturel et la spontanéité de ces protagonistes offre une vraie légèreté et authenticité au film.

Fait plutôt rare, ici on s’intéresse aux adultes atteints du syndrome de Down alors qu’habituellement on voit surtout leur enfance et les difficultés qu’engendrent leur maladie mais une fois adultes que deviennent-ils ? Drôle de paradoxe au Chili puisque des écoles existent pour les aider à devenir autonome et à gagner de l’argent mais ces écoles sont elles-mêmes payantes et par conséquent, pas forcément à la portée de toutes les familles.

Sous un regard bienveillant, Maite Alberdi arrive à capter des instants, des rires mais aussi des pleurs rythmant le quotidien de ces personnes extraordinaires et profondément humaines. Un film poignant et nécessaire où se dégage un cri de colère face aux injustices de la vie.

L’école de la vie de Maite Alberdi, 2017, Chili, 1h22
Actuellement en salles

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