Sorti à la toute fin de l’année 1985, Police Story est un grand succès commercial à Hong Kong, le film, finissant 3e au box-office local de l’année 1986, notamment derrière le phénomène de l’année, Le Syndicat du crime. Il faut néanmoins attendre 1988 pour que Jackie Chan réalise un second volet, après avoir donné suite au Marin des mers de Chine, et réalisé le premier film de sa trilogie Armour of God avec Mister Dynamite. Police Story 2 débute là où s’arrête le premier épisode. Suite aux dégâts causés au centre commercial, Chan Ka Kui est rétrogradé à la circulation par ses supérieurs, ce qui ne déplaît pas à May, rassurée que son compagnon n’ait plus à prendre de risques. Ils sont néanmoins harcelés par les hommes de Chu Tu, désormais en prison, ce qui provoque des tensions dans leur couple. Pendant ce temps, des terroristes font exploser des bombes à Hong Kong, ce qui pousse le Capitaine Lee et l’Inspecteur Wong à réintégrer Ka Kui pour mener l’enquête.
Avec cette suite, Jackie Chan joue la carte de la continuité. Il prolonge l’intrigue du premier volet tout en en développant une nouvelle. L’alternance entre les deux histoires représente le principal défaut du film, ce dernier jonglant maladroitement entre les deux intrigues. L’une remplace l’autre sans prévenir, avant de revenir pour conclure l’histoire avec Chu Tu. Jackie Chan recycle certains gags du premier épisode comme les lunettes cassées de l’homme de main de Chu Tu, ou la scène du scooter de May. On se retrouve avec un rythme plus inégal.
Ce qui ne fait pas de Police Story 2 une simple copie du premier, bien au contraire. Par sa longueur, le film prend son temps à développer sa seconde intrigue, et fait basculer le métrage dans le sous-genre du film d’infiltration. Ka Kui étant contraint de se faire passer pour un trafiquant d’armes pour remonter la piste des terroristes, on retrouve la patte d’un véritable polar, plus présente que dans le premier. Pour cette mission, Jackie troque les coéquipiers du premier film pour un groupe de femmes flics aussi bien à l’aise pour la séduction que les bourre pifs. Une manière de tordre le cou aux critiques qui ont pu le toucher en raison du personnage de May dans le premier film, même si l’on peut regretter que leur présence à l’écran soit limitée.
Personnage féminin toujours, Jackie Chan développe largement celui qu’incarne Maggie Cheung, qui dépasse son simple rôle de cruche. Si son côté colérique est toujours présent et offre au film l’un de ses passages les plus drôles (une scène filmée en plan-séquence où Ka Kui se fait engueuler par May en traversant les douches masculines), May devient un vrai personnage qui guide complètement le couple qu’elle forme avec Ka Kui, et la dynamique dramatique du métrage. C’est elle qui provoque un déclic et le pousse à démissionner de la police, ce qui provoque une rupture et donc une remise en cause du personnage. C’est lorsqu’elle est en danger, menacée par les poseurs de bombe, que Ka Kui lui montre son amour. Car l’autre élément majeur qui différencie ce second volet de l’original, c’est sa noirceur et sa violence. S’il contient toujours de pures scènes de comédie, le film n’hésite pas à montrer des victimes gravement blessées, à tuer certains personnages, et à faire preuve d’une de violence caractérisée envers certains personnages. C’est le cas de May, torturée dans une séquence où Jackie Chan fait preuve d’une cruauté que l’on croirait sortie d’un film de Sammo Hung, qui n’hésite pas à faire preuve d’une violence sadique envers ses personnages féminins.
Enfin, poseurs de bombes oblige, le film est un véritable spectacle pyrotechnique qui culmine jusqu’à son final qui voit Ka Kui faire complètement exploser tout un entrepôt. Il faut dire qu’en 1988, le premier épisode a fait des petits en termes de films d’action urbains (Righting Wrongs, Long arm of the law, Tiger Cage), ce qui pousse Jackie Chan à construire un final plus spectaculaire et explosif que la concurrence. Un final véritablement dangereux où les personnages s’affrontent non-seulement à coups de latte, mais également en se lançant des pétards. Les comédiens se trouvent régulièrement en feu dans une séquence qui, sans atteindre le niveau de folie de celle du premier volet, reste l’un des grands moments d’action de la carrière de Jackie Chan. De la première scène d’action dans le restaurant à la mythique séquence du parc pour enfants où tous les jeux servent à l’action, jusqu’au final où Jackie affronte Benny Lai qui, derrière son physique et son handicap (le personnage est sourd et muet) se révèle un combattant hors pair. Un final où Jackie n’hésite pas à montrer son personnage de flic idéal céder à la violence et au sadisme par pure vengeance, loin de l’image de flic idéal qu’il transmet.
Les morceaux d’action sont toujours aussi vivifiants par la violence et la rapidité des coups, spectaculaires par leurs cascades, et surtout réalisés de façon toujours aussi efficace par un Jackie Chan au sommet. Les images de prises ratées qui constituent le générique final (tradition des films de Jackie depuis Le marin des mers de Chine) sont ici un festival de blessures et l’on peut apercevoir que tous les comédiens – jusqu’à Maggie Cheung – ont donné de leur personne. À sa sortie, Police Story 2 reste un phénomène à Hong Kong, surpassant le score du premier dans la péninsule, et remportant de nouveaux trophées aux Hong Kong Films Awards. Si l’on excepte quelques problèmes de rythme qui ne gâchent pas la vision, Police Story 2 est la suite parfaite qui, sans atteindre le niveau du premier, reste plus sombre, plus violente et plus spectaculaire. Un film qui rappelle régulièrement pourquoi on aime le cinéma de Hong Kong de cette période.
Police Story 2, de Jackie Chan. Écrit par Edward Tang et Jackie Chan. Avec Jackie Chan, Maggie Cheung, Bill Tung… 1h57.