[CRITIQUE] Saw X : Que de Saw-ttises

Parmi toutes les sagas qui ont vu le jour au cinéma, Saw est de celles que l’on n’attend plus – ou que l’on ne veut plus -. Trop plein d’épisodes et deux opus qui ont tenté d’apporté en vain un renouveau – Jigsaw et Spirale, le tueur adepte de torture porn John Kramer sort de sa tombe pour reprendre du service. Saw X se situe chronologiquement entre les deux premiers volets (cherchez la logique) et bien que le film présente quelques bonnes idées, ça sent quand même le réchauffé.

On nous l’a répété à maintes reprises dans la saga : la mort n’est pas la pire chose qui puisse arriver. La preuve en est avec ce pauvre John Kramer (Tobin Bell totalement à la ramasse qui joue bien mieux lorsqu’il ne parle pas) qu’on a rappelé pour un baroud d’honneur afin de lui donner un tant soit peu de conscience et d’humanité. Petit retour en arrière puisqu’après Saw, John entreprend un voyage à Mexico pour essayer un nouveau traitement radical pour son cancer. Lorsqu’il se rend compte que tout ceci n’est qu’une escroquerie – et qu’il est loin d’en être la première victime -, il décide de prendre toute la fausse équipe médicale en otage pour mener à bien ses petites exécutions.

Saw X
© Metropolitan FilmExport

Made in Wish

Pour les connaisseur·ses du genre, Saw X peut sembler déconcertant. Après une première exécution mettant en scène l’aspiration de globes oculaires sans que la séquence ne se pose dans un quelconque contexte, nous retrouvons le fidèle Kramer se préparant à subir une opération dans un hangar désaffecté, bien dissimulé aux regards de tou·tes. La première partie de l’intrigue, teintée d’un aspect dramatique, cherche à dresser un portrait presque touchant du tueur en série qui, en fin de vie, trouve un espoir dans un traitement expérimental. L’odieuse escroquerie montée par la doctoresse Cecilia Pederson pourrait faire passer le Tueur au Puzzle pour un saint. Il est presque plaisant de voir ce vieil homme se promener dans les rues de Mexico et nouer des amitiés avec les habitant·es du coin. Les bons sentiments sont rapidement balayés dans la seconde partie, laissant place à un jeu malsain que nous connaissons que trop bien.

C’est là que réside tout le problème. La mécanique est certes bien rodée, mais elle est surtout devenue prévisible. Rien de nouveau chez Kramer, qui continue inlassablement le même rituel à base de cassettes audio et de pièges sadiques, incitant chacun·e à s’infliger des tortures pour peut-être s’en sortir. Les pièges ne sont pas vraiment inventifs, ni même gores et la répétition du procédé n’aide pas. Beaucoup de sang qui coule pour peu de chair à se mettre sous la dent. Une fois qu’il n’y a plus de corps à triturer, Kevin Greutert nous matraque de flashbacks pour tout sur-expliquer. La caméra se balade entre l’observatoire et la grande salle où les victimes sont enchaînées, se débattant, appelant à l’aide et utilisant même les intestins d’une des victimes pour tenter d’atteindre un chariot où se trouve un téléphone. Tout est tellement prévisible qu’on sait très bien qu’un twist vicieux nous attend en fin de parcours. Les flashbacks nous expliquent tout le stratagème de Kramer pour arriver à ses fins et faire, curieusement, triompher une forme de bien alors que le vieux bougre a quand même poussé plusieurs personnes vers la mort quelques minutes avant  

Saw X
© Metropolitan FilmExport

Le film se trouve rapidement piégé par son propre statut hybride, contraint d’adopter l’esthétique crasseuse des clips vidéo des années 2000 qui donnent un effet cheap et daté, sans oublier les mouvements de caméra circulaire qui pourraient provoquer des nausées chez n’importe quel·le spectateur·ice. Cette curiosité tente d’exploiter la nostalgie des premiers Saw tout en espérant attirer de nouveaux·velles fans qui pourraient être tenté·es par l’univers, mais sa sortie précipitée en VOD aux États-Unis semble déjà donner une réponse peu favorable.

Si Saw X tente de pousser le/la spectateur·ice dans la marmite de l’empathie pour John Kramer, il en résulte un film fatigué qui n’arrive pas à se renouveler et qui souffre du même syndrome que les Halloween de Rob Zombie. Laissez les monstres être ce qu’ils sont et arrêtez de vouloir à tout prix les humaniser.

Saw X de Kevin Greutert. Écrit par Josh Stolberg et Pete Goldfinger. Avec Tobin Bell, Shawnee Smith, Synnøve Macody Lund… 1h58
Sortie le 25 octobre 2023

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