Pour son treizième long métrage, Cédric Klapisch rappelle ses nouveaux comédiens trentenaires Ana Girardot et François Civil – déjà hissés en têtes d’affiche dans Ce qui nous lie – pour illustrer un nouveau sujet de société (enfin, pas si nouveau que ça d’ailleurs), véritable fléau de la génération Facebook, Tinder et Instagram : la bien nommée Solitude.
Klapisch à l’heure de la grisaille
Le discours est bien connu, les réseaux sociaux, faute de tisser de vrais liens sociaux, ne font qu’éloigner de la vraie vie et nous incitent (nous, les personnes « connectées ») à liker bêtement au lieu de sortir boire un verre et tenir une conversation de vive voix, etc. Bref, l’histoire des grands-parents qui se sont rencontrés à la fête du village ferait maintenant rêver les jeunes actifs en perte de vitalité et surtout en mal d’amour…
La petite mine des acteurs sonne déjà le glas de la monotonie de cette vie parisienne où le sempiternel rythme « métro, boulot, dodo » n’a jamais été si bien filmé. Les premières minutes donneraient presque le cafard à toutes celles et ceux qui connaissent bien les néons agressifs des souterrains bondés. Rémi et Mélanie, voisins d’immeubles, se croisent chaque jour mais ne se connaissent pas ; l’un est manutentionnaire, dernier rescapé d’une entreprise dévorée par les robots, l’autre est chercheuse contre le cancer. Le spectateur s’invite donc dans ces deux quotidiens parallèles rythmés par des séances chez le psy et quelques malheureuses aventures vite abrégées. L’on est alors loin de l’impétuosité contagieuse d’un Romain Duris qui se perdait dans les rue de New York dans Casse-tête Chinois et l’on regrette amèrement les disputes collégiales sous-titrées de la trilogie polyglotte.
Somnifères & Vitamines
Si Ana Girardot offre un joli rôle de composition de jeune femme en déprime, c’est peut-être François Civil, sérieux et fragile, qui nous émeut le plus lors des quelques passages dramatiques où la larmichette vient facilement à l’œil. Attendue au tournant, la rencontre des âmes sœurs – les poétiques « deux moi » – surgit alors inévitablement et sans grande surprise… mais l’on retient pourtant ce refrain lancinant de la romance populaire, comme un rayon de soleil qui vient percer la grisaille urbaine, avec l’accent rétro (revenons à la rencontre des grands-parents) : « C’est l’histoire d’un amour éternel et banal, qui apporte chaque jour tout le bien tout le mal, avec la roue l’on s’enlace, celle où l’on se dit adieu, avec les soirées d’angoisse et les matins merveilleux […] »
Deux moi de Cédric Klapisch. Avec Ana Girardot, François Civil, Camille Cottin, François Berléand… Durée : 1h50.
En salle depuis le 11 septembre.
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