Donnybrook c’est typiquement le genre de film qu’on aurait voulu et pu avoir dans un festival comme celui de Deauville qui met en avant le cinéma d’auteur, celui qui s’intéresse aux laissés-pour-compte. Mine d’or pour le cinéma indépendant qui s’évertue à dépeindre les marginaux sous toutes leurs formes, notamment à travers la violence. Tim Sutton a déjà une jolie carrière outre-Atlantique mais c’est la première fois qu’il débarque chez nous avec Donnybrook, disponible directement en VOD depuis le 25 mars dernier.
Jarhead est un ancien marine pour qui le retour à la vie quotidienne est compliqué. Obligé de voler de l’argent pour subvenir aux besoins de sa famille, sa seule porte de sortie est le Donnybrook. Un combat à mains nues où le gagnant remporte une grosse somme en liquide. De l’autre côté du ring, Chainsaw Angus, une légende des combats clandestins resté invaincu et qui s’est depuis reconverti avec sa sœur Liz dans la fabrication de méthamphétamine. La rencontre entre les deux est inévitable et leur permettra enfin de commencer un nouveau chapitre de leur vie mais à quel prix ?
Tim Sutton dessine dans son film une partie de la population cachée. Celle qui ne s’intègre pas, celle pour qui l’ascension sociale n’est qu’une douce utopie et où la violence est ce qui compose leur quotidien. Ici trois personnages : un ex-marine prêt à tout pour sa famille, un expert des combats clandestins à la violence démesurée et sa sœur abusée. La violence est une composante normale de ce qu’ils sont et de ce qu’ils vivent si bien que pour s’en sortir ils vont devoir passer par elle. Le Donnybrook n’est finalement qu’une étape finale pour ces gens, l’étape ultime dans cette escalade de la violence. Celle qui scelle leur destin dans des combats où on ressort vivant ou mort. Le prix du sang pour connaître une quelconque rédemption. C’est avec cette idée que le film traverse le destin de ces trois personnages avec une image aussi soignée que froide, peut-être d’ailleurs un peu trop. Compliqué de s’attacher aux personnages tant le montage ne leur rend pas hommage. Les excès de violence démontrent avant tout d’une vraie colère de ces oubliés, via des scènes brutes et viscérales qui hurlent au désespoir. Jamie Bell ne cesse de nous surprendre après Skin, ses choix de carrière sont audacieux et payent.
Loin d’être la grosse claque viscérale escomptée, Donnybrook reste un film efficace qui prend le parti de faire jouer ses poings plutôt que ses mots. Un constat pessimiste d’une partie de l’Amérique qui bouillonne et dont la violence semble être la seule issue possible.
Donnybrook de Tim Sutton. Avec Jamie Bell, Frank Grillo, Margaret Qualley… 1h41
Disponible en VOD