Nombreuses sont les mères de famille à quitter leur pays natal et leur famille afin de trouver un travail leur permettant de subvenir aux besoins des leurs. Un sacrifice de tous les jours, loin de leurs proches et sans attaches ni connaissances des endroits où elles se dirigent. Mais que faire lorsque celleux pour qui on se bat vous abandonnent ?
Lina est une jeune femme qui a quitté le Pérou pour devenir domestique de maison. Ses journées se résument à surveiller l’avancée de l’aménagement de la ville de ses patron·ne·s et à s’occuper de leur fille Alicia. Lorsque ses employeur·e·s ne sont pas présent·e·s, Lina jouit de privilèges (en restant dans la villa notamment) tandis qu’elle envoie régulièrement de l’argent à sa famille. Une vie plutôt confortable et loin d’être contraignante mais derrière ce sourire de face, c’est une détresse bien plus profonde qui se cache. Les contacts avec son fils se font de plus en plus rare. Lorsqu’elle l’appelle, il esquive toutes ses questions pour rapidement raccrocher et les seules fois où il la contacte c’est pour lui demander quelque chose. Ce n’est que grâce aux réseaux sociaux que Lina sait se tenir au courant de la vie de son fils. Une situation qui la peine énormément et qui lui ouvre les yeux : elle ne restera pas là à se morfondre toute seule.
C’est à travers des scènes musicales que Lina prend son indépendance tout en reprenant sa féminité en main. Ces tableaux magnifiquement chorégraphiés et mis en scène construisent ce chemin qui mène vers l’indépendance. Sur fond de musiques enjouées, Lina nous raconte ses sentiments, sa solitude et sa tristesse. Maintenant qu’elle se rend compte qu’elle a laissé son rôle de mère envahir toute sa vie, celui de femme reprend le dessus. Ses soirées se résument à boire, à danser et à draguer des hommes pour se sentir de nouveau aimée et désirée. Point de jugement ici, simplement une femme qui se redécouvre telle qu’elle mais aussi une redéfinition de ce que c’est être mère. Dans l’imaginaire collectif une mère est dévouée à son enfant coûte que coûte alors qu’une mère peut également être une femme comme une autre qui vit pour elle sans pour autant délaisser ou oublier son enfant – contrairement à un enfant dont la distanciation se fait presque naturellement au fur et à mesure avec l’âge -.

Avec beaucoup de justesse et de délicatesse, la réalisatrice Maria Paz Gonzalez pose un double regard : celui de la situation des immigré·e·s dont la vie se résume à des sacrifices et celui des mères de familles avec toutes les questions existentielles inhérentes. Un hommage à celles qui font que la société et les familles puissent encore tenir debout.
Lina de Lima de Maria Paz Gonzalez. Avec Magaly Solier, Emilia Ossandon, Javiera Contador… 1h23