Ces dernières années, les films d’horreur ont su réécrire certains de leurs codes, les utiliser au profit de messages plus personnels, universels et métaphoriques. Mais évidemment, comme le style marche, plaît et offre un début de carrière des plus prestigieux à l’un de ses nouveaux maîtres Ari Aster, les petits malins n’hésitent pas à s’engouffrer dans la brèche. Pour le meilleur, et aussi pour le pire. Du côté scandinave, le duo suédois Oskar Mellander et Tord Danielsson débarque avec The Other Side qui creuse pour plonger profond dans l’ennui et surtout l’oubli.
Une belle-mère décide d’emménager dans une nouvelle maison jumelée à celle de son compagnon et son fils pour essayer de fonder une famille et se souder. Comprenez le scénario classique, de personnes insouciantes qui achètent une baraque vide sans l’avoir visitée au préalable, au milieu d’autres résidences identiques.

The Other Side, c’est un peu le patchwork qui vient capter des idées à droite à gauche sur des thématiques chères aux amateurs d’épouvante sans savoir comment les remettre à l’endroit. Vous avez dit Jennifer Kent ? Natalie Erika James ? Veronica Franz et Severin Fiala ? Une ambiance lancinante, des travellings au ralenti avant, arrière et latéraux. Une histoire de fantômes, d’apparitions au coin de la chambre du petit garçon… Tout est repompé et refait en moins bien, les plans s’enchaînent et se ressemblent comme deux gouttes d’eaux. Jusqu’à l’épuisement. Mais si on n’a pas un minimum de talent derrière la caméra, on peut avoir toute la volonté du monde de vouloir faire quelque chose d’esthétiquement épuré et alléchant, intelligent dans le fond, le résultat se retrouve juste très laid, et tout bonnement creux.
Il manque une vision, un sens artistique, et surtout des idées de mise en scène. Coller au canevas c’est bien, en faire une œuvre à part entière c’est mieux. Surtout quand il y a un problème d’éclairage flagrant. C’est sombre, les recoins nagent dans les ténèbres, alors qu’il y a une dizaine de lampes dans toute la demeure. Il fait nuit, mais rien n’est allumé. On ne saura jamais pourquoi… Si le groupe électrogène a sauté pendant le tournage, ou s’il y a oubli de cocher la case ampoule sur le devis du matériel. Cacher son manque de budget pour éviter de montrer des effets numériques, ne veut pas dire empêcher de donner quelque chose à manger à l’œil du spectateur. Pire, il y a une vague impression que la lumière pointe le bout de son nez seulement lorsque le mari refait surface. Comme si après une journée de travail éreintante, avec sa chemise à carreaux, il était le seul capable de protéger sa dame de la terreur. Que tout devait s’éclairer grâce à la présence du masculin, son air rassurant et son allure de grand costaud. Mais surtout de benêt qui ne comprend absolument rien de plus à la situation.

Une chose parait incompréhensible après des dizaines d’années de films d’épouvantes, c’est la caractérisation du personnage féminin. Une femme qu’on ne prend pas au sérieux parce qu’elle sent une présence autour d’elle. Facile alors de lui coller l’étiquette « folle » sur le front. Elle risque de faire du mal au jeune fils parce que son esprit est tourmenté, parce qu’elle n’arrive plus à mettre en forme ses idées. Un cliché difficile à balayer, mais qui peu à peu a été déconstruit, lorsque notamment des femmes ont été placées à la tête de réalisations du genre, en apportant toute leur patte et subtilité pour dessiner des personnages justes, touchants et sensibles.
Pourtant le message qui se cache derrière cette plate histoire de maison hantée, n’est pas dénué d’intérêt. Une interrogation sur l’instinct maternel, et l’arrivée dans une famille d’une femme qui devrait dès le départ jouer les mères parfaites. Or parfois, le processus n’est pas aussi simple qu’espéré. Avant d’aimer le jeune enfant comme le sien, des doutes et erreurs peuvent faire surface, et il faut répondre à ses multiples questionnements intérieurs pour être en phase avec soi-même et trouver sa place au sein de sa nouvelle résidence. Dommage alors lorsque arrive le climax du récit, qu’il ne décolle jamais en restant en surface. Bien trop simple dans son exécution, avec un manque d’écriture flagrant et une absence totale d’empathie pour des protagonistes qui n’auront jamais su provoquer une touche de tristesse et d’intérêt.
The Other Side est un film de genre des plus mous, qui s’inspire d’anciens codes de maison hantée avec un propos plus actuel de l’elevated horror. Le tout en moins bien que les mastodontes et les grands talents du moment. C’est insignifiant au possible, oubliable et bien trop mal exécuté pour qu’on apprécie l’idée qui se cache derrière.
The Other Side de Tord Danielsson et Oskar Mellander. Avec, Jakob Fahlstedt, Dilan Gwyn, Nikla Jarneheim… 1h27.
Sortie prévue prochainement.