Sputnik, réalisé par Egor Abramenko, aurait pu être de ces films ratés ou decevants de festival (Gérardmer 2021). Et pourtant, c’est plutôt un film de science-fiction divertissant, efficace et même parfois réjouissant qui se révèle.
Pendant la guerre froide, deux cosmonautes soviétiques remplissent leur mission dans l’espace. Sur le point de rentrer, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls, et se font attaquer. Leur capsule s’écrase sur Terre, et ne survit que l’un des deux, Konstantin. L’administration soviétique, quelque temps après, dépêche une psychologue, Tatyana, qui n’a pas froid aux yeux, pour étudier le comportement de Konstantin. Elle va vite se rendre compte sur place que ce n’est pas si simple : le cosmonaute n’est pas rentré seul.
Sans aucune prétention, Sputnik arrive pourtant à offrir un chouette moment de divertissement (bien mérité en cette sélection) qui, certes, est loin d’être parfait, mais qui tente de petites choses sympathiques. S’il est aisé, au départ, de rapprocher Sputnik d’Alien, on peut aussi lui trouver des côtés proches de Premier contact de Denis Villeneuve : il ne s’agit pas de lutter contre la créature, mais plutôt d’étudier son comportement et de comprendre toutes les caractéristiques de la symbiose qui se met en place avec Konstantin (ce qui n’est pas si commun que cela en SF). Il y a aussi une recherche de communication entre créature et humains – qui s’arrête certes, dans la mesure où la créature n’est pas tellement pacifique.
Celle-ci n’est d’ailleurs pas très impressionnante, et n’est jamais aussi terrifiante que le xénomorphe. Elle est au contraire plutôt belle, et est souvent exposée ; là où Alien joue avec les ombres pour densifier son monstre, Sputnik met sous la lumière sa créature, blanchâtre, mais aussi assez chétive, rapprochant de fait celle-ci des hommes, bien qu’inintelligible pour l’intellect terrestre.

Bien sûr, on peut regretter l’existence d’une sempiternelle et insignifiante romance. Et il faut avouer qu’il n’y a rien de bien révolutionnaire dans ce petit film russe. Mais il remplit largement son rôle de divertissement et est porté par des comédiens franchement convaincants, et aux personnages, comme le commandant Semiradov aux motivations compréhensibles ou Tatyana que le caractère bien trempé rend attachante, parfois mieux écrits que certains héros américains de blockbuster du même genre…
Rien n’est excellent, mais tout est globalement assez léché et bien fait. Sans prétention, Sputnik est un film de bonne facture, mais mineur, qu’il faut se garder de comparer à l’incomparable.
Sputnik, de Egor Abramenko. Avec Oksana Akinshima, Fiodor Bondartchouk, Pyotr Fyodorov… 1h53