2018. Alors que nous pensions que notre bon vieux Michael Myers avait pris sa retraite après bon nombre de suites et de remakes (à la qualité discutable), David Gordon Green a redonné naissance au monstre de John Carpenter avec ce dernier au scénario, actant également le retour de Jamie Lee Curtis. Mais à quoi bon raviver une nouvelle fois ce personnage en voulant garder l’héritage et jouer la corde de la nostalgie ?
Michael Myers n’est plus. Quarante ans après la tuerie d’Haddonfield, il a été enfermé dans un hôpital psychiatrique pour ne plus jamais en sortir. Ce n’est pas pour autant qu’il a été oublié, loin de là. Un duo de journalistes à la tête d’un podcast se sont mis dans l’idée de l’interviewer. Les verrous pètent un à un quand l’un des deux montre à Michael Myers son masque, ridé et vieilli mais toujours présent. De quoi raviver ce mal qui se déchaîne, tuant tout le monde sur son passage pour retrouver Laurie. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’elle aussi s’est déjà préparée au pire, sachant que ce jour arriverait.

Il est intéressant de noter la direction prise par la nouvelle trilogie – qui se terminera le 12 octobre prochain avec Halloween Ends – : là où Michael Myers est l’incarnation du mal à l’état pur chez John Carpenter, il représente désormais la figure de l’Amérique moderne : tueries de masse en plein jour – impeccable scène qui se déroule à la station-service, laissant éclater une violence inouïe – et point névralgique d’un pays en proie à la violence quotidienne (propos qui se déploie dans sa suite Halloween Kills). Pour Laurie, le temps a passé, sa famille s’est décomposée et elle vit désormais recluse au fin fond des bois dans une demeure savamment protégée contre toute attaque. Bien souvent prise pour la folle de cette histoire, elle en est pourtant la solution. Le développement de son personnage va de pair avec celui de sa fille et sa petite-fille. Grâce à ce trio – qui manque un peu d’équilibre, le personnage de Judy Greer se retrouvant un peu mis de côté -, un véritable souffle féminin imprègne le long-métrage qui réussit le pari de trouver son équilibre entre suite assumée et modernisation du concept de final girl. Jamie Lee Curtis peut ainsi dévoiler une autre facette du personnage qui, malgré quelques années dans les pattes, a toujours autant de répondant.
Comme évoqué précédemment, Michael Myers n’hésite plus à tuer de jour, nous offrant par ailleurs l’une des meilleures scènes d’introduction du personnage. Beaucoup plus graphique et explicite que chez Carpenter, David Gordon Green n’hésite plus à montrer l’horreur que provoque cette chose sur son passage. Le réalisateur reprend les codes, y glisse quelques clins d’œil à son aîné et réussit à dérouler son intrigue même si certains personnages secondaires passent à la trappe alors qu’ils avaient des motivations scénaristiques intéressantes, comme le docteur Sartain. Ce dernier, sous ses airs de faux Loomis, a de quoi intriguer tant il s’avère porteur d’une mythologie qui doit arriver à son terme. On regrette que l’ambition présente lors des premières minutes s’estompe au profit de quelque chose de balisé et attendu, la confrontation finale entre Laurie et Michael étant assez simpliste excepté son final salvateur.

Est-ce que David Gordon Green a réussi le périlleux pari de prendre la relève de Big John ? En grande partie, oui. Même si le long-métrage de 1978 reste maître en la matière, le réalisateur réussit à équilibrer son film pour ne pas tomber dans la copie mais en promettant un hommage des plus fidèles à celui qui a donné un sacré coup dans la fourmilière du slasher. Si le second volet peine un peu plus à convaincre – peut-être la faute à un épisode qui ressemble plus à une transition qu’autre chose – malgré un parti pris qui se veut encore plus extrême, on en attend beaucoup du dernier volet qui doit réussir à faire le lien entre les deux précédents tout en offrant une potentielle conclusion qui soit satisfaisante aux yeux de tous·tes.
Halloween de David Gordon Green. Écrit par John Carpenter et David Gordon Green. Avec Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak… 1h49
Sortie le 24 octobre 2018