Que serions-nous prêt·e·s à faire pour toucher du bout des doigts le succès ? Ellison Oswalt est un écrivain spécialisé dans le policier. Son dernier bouquin n’a malheureusement pas rencontré son public et a essuyé de vives remontrances alors qu’il critiquait la police et remettait en cause toute une enquête. Cependant, l’écrivain ne baisse pas les bras et est persuadé de tenir là le sujet de son futur best-seller dans une maison où toute la famille a été retrouvée pendue et où la plus jeune a disparu. Quitte à mener son enquête là-dessus, autant emménager dans la maison en question.
Sinister ne ré-invente rien dans l’idée. Une famille qui semble parfaite, un shérif qui les met en garde sur les environs et un mystérieux carton trouvé dans le grenier, dans lequel se trouve des bobines de films. Curieux, Ellison s’installe dans son bureau pour examiner ces bandes. Ce qui s’apparente comme de simples souvenirs de la dernière famille présente se transforme rapidement en cauchemar lorsqu’il réalise que quelqu’un a filmé la pendaison des quatre membres mais aussi d’autres meurtres plus violents, dans lesquels le même esprit apparaît à chaque fois. N’importe qui de censé amènerait ces images à la police et quitterait les lieux sur le champ mais pas Ellison, qui voit là une occasion unique de faire LE best-seller de sa carrière. Il approfondit ses recherches, utilisant allégrement un des policiers du comté lui aussi à la recherche de la célébrité et qui voit en Ellison l’occasion de se retrouver dans les remerciements d’un livre. Son obsession est telle qu’il a volontairement omis de dire à sa famille les terribles évènements qui sont arrivés.

Petit à petit, et à force de visionner ces bandes, Ellison commence à ressentir des présences, pense voir des choses, entend des pas alors que son enquête l’emmène vers une vérité de plus en plus sombre. L’ombre d’un esprit malfaisant qui s’en prend aux enfants rôde désormais sur la famille, à moins que ce soit l’égocentrisme du père qui les mène à leur perte. En concentrant son récit exclusivement sur la figure de l’écrivain en mal de célébrité, Scott Derrickson nous propose un film d’horreur classique mais offre surtout au/à la spectateur·ice une seconde lecture passionnante où le boogeyman n’est pas forcément cet esprit qui prend possession du plus jeune enfant pour tuer le reste de sa famille mais peut-être bel et bien le père qui n’endosse plus son rôle de parent et laisse dépérir sa famille à cause de son égocentrisme.
Le film évite la plongée gratuite dans des jumpscares à outrance qui seraient prévisibles pour nous offrir de véritables moments angoissants, étirés en longueur avec une véritable maîtrise de la photographie et des jeux de lumières notamment provoqués par les bandes de films diffusées sur le mur. Sa conclusion, qui parait de prime abord inévitable, arrive à déjouer nos attentes pour proposer quelque chose de très frontal, sanglant, pour finalement insinuer que le monstre n’est pas forcément celui qu’on croit.
Sans forcément jouer dans le registre de l’originalité, Scott Derrickson réussit à nous proposer une lecture plus profonde et originale. Grâce à un casting impliqué (Ethan Hawke en tête), Sinister s’avère être un film efficace autant dans sa forme que dans son fond.
Sinister de Scott Derrickson. Avec Ethan Hawke, Juliet Rylance, Fred Dalton Thompson… 1h50
Sortie le 7 novembre 2012
Bonjour !
Très chouette critique. Je viens de découvrir le film il y a quelques jours, que je n’avais jamais regardé faut d’occasion, et j’ai été assez conquis par la sobriété de la mise en scène. J’en ai fait une chronique également pour mon site que je publierai sous peu 🙂
Merci beaucoup ! Hâte de lire la tienne aussi 😉
Hello. Si le cœur t’en dit, voilà mon site. Sinister apparait sur la home en premier 🙂
J’espère que ça te plaira.
a++
Enfin voilà le site 😀 : https://www.split-scream.com
C’est top j’irai jeter un oeil ?
Effectivement, j’en garde un bon souvenir, avec un final qui m’avait surprise (et en bien, c’est rare, faut-il le souligner dans ces temps de production à la chaîne d’une bonne idée jusqu’à ce qu’elle soit devenue bien moisie et répétitive).
Je ne sais pas si tu as vu le 2 (j’ose pas appeler ça une suite, c’est juste une resucée de l’idée, mais en raté au milieu de champs de maïs et avec des acteurs complètement perdus), mais si la réponse est non, je me permets de te conseiller de passer ton tour : c’est mauvais. Tellement que ç’en devient grotesque d’ailleurs (qui a dit comme Conjuring 3 ?).
Bonjour Margaux et Sweet Judas !
Sweet Judas, alors malgré tes réticences et mises en garde, j’ai tout de même osé regardé Sinister 2. Ne m’en veux pas, je n’écoute pas toujours les bons conseils 😉
Même s’il n’atteint pas la qualité du 1, je le trouve tout de même très honorable. J’aime le fait qu’une suite ose s’éloigner du schéma de l’original. Bien sûr qu’il faut un lien entre des films d’une même saga, et Sinister 2 le fait mais évite la répétition pure et simple assez critiquable de pas mal de sagas.
Le thème de la famille décomposée, marquée par un père violent, apporte une approche intéressante où encore une fois le pire monstre n’est pas celui qu’on croit.
Comme les premiers Saw, on sent une volonté de trouver une cohérence entre les films, à travers un personnage par exemple, mais aussi en développant et en densifiant une mythologie.
Il y a, c’est sûr, un abus d’effets classiques et faciles (dans Saw aussi). La mise en scène est moins classiques que dans le premier opus.
Mais bizarrement je reste plutôt positif dans cette volonté de nous proposer quelque chose d’original, même de manière maladroite parfois.
En rattrapant pas mal de retard, je me rends compte que les suites ont souvent été critiquées de manière systématique. Dénigrée parfois sans avoir été honnêtement considérées. Les sagas Poltergeist, l’Exorciste, Halloween possèdent toutes des suites très honorables parmi l’ensemble de la saga. Les voir des années après, hors du contexte de l’époque, permet parfois de les apprécier à leur juste valeur. C’est que j’essaie de faire sur mon site d’ailleurs split-scream.com.
Le cas Conjuring, puisque tu l’as cité, est assez triste. Le 1, très bien, le 2 oublie une part de sobriété et la caméra devient trop présente à mon goût (idem dans Sinster 2) mais se souvient de ses intentions premières, à savoir raconter une histoire “vraie” de possession qui doit impressionner. Conjuring 3 est très décevant de ce point de vue là, je suis d’accord. Tristesse absolue en sortant.
[…] l’on aimerait voir retourner à ses premières amours, c’est vers l’horreur que le papa de Sinister revient avec Black phone, happé par ce qui fit sa renommée (même s’il en avait inséré […]