La place des femmes dans le domaine du sport n’est plus à prouver et la ferveur grandit même de plus en plus comme on a déjà pu le voir avec l’équipe féminine de football ou celle de handball. Au pays du soleil levant, ils avaient déjà une bande d’irréductibles – et extrêmement douées – joueuses de volley dans les années 60. Les sorcières de l’Orient compte bien leur rendre hommage.
Entre 1960 et 1966, les filles du club de volley de l’usine Nichibo Kaizuka ont fait leurs armes à force de persévérance au point de devenir l’équipe nationale du Japon. Parmi elles Katsumi surnommée “la bouilloire” ou encore Yoshiko “la rêveuse” sont désormais octogénaires et grand-mères. C’est autour d’un succulent repas qu’elles se remémorent ces grandes années qui furent aussi salvatrices que compliquées. Alors que leurs journées se résumaient à travailler à l’usine, c’est le soir qu’elles s’attelaient à un entraînement digne de l’armée. Leur entraîneur, vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, est tout ce qu’il y a de plus dur à cuire et les entraînements où les joueuses reçoivent balle sur balle jusqu’à épuisement et doigts et genoux en sang vont bon train.
Alors que les victoires commencent à s’enchaîner pour l’équipe, c’est toute la ferveur d’un pays qui monte jusqu’à en imprégner la pop culture puisque des mangas ont vu le jour ainsi qu’une série animée retraçant leur parcours et leurs matchs. Le réalisateur a d’ailleurs eu l’excellente idée d’y intégrer certaines images dans son montage pour rendre compte de l’exactitude avec laquelle tout ceci est représenté. Une carrière au beau fixe à une période où le Japon en a grandement besoin et où le volley-ball devient discipline olympique. Ça tombe bien, le Japon est désigné pour organiser les Jeux Olympiques en 1964, un évènement d’une ampleur énorme et une pression sur Les sorcières de l’Orient alors que le pays vient de connaître une fracassante défaite au judo contre la Hollande. Ces petits bouts de femmes vont pouvoir montrer à la terre entière de quoi elles sont capables jusqu’à gagner contre l’URSS.
Même si le documentaire retrace une épopée assez extraordinaire, il n’en oublie pas les sacrifices qu’il a fallu faire pour en arriver là. À l’époque, un magazine avait sorti un très long papier relatant l’enfer que vivait ces joueuses sous le joug de leur entraîneur : “une expérience profondément choquante, glacé devant ces efforts fanatiques. Elles s’entrainent six jours sur sept, 51 semaines par an. Le regard égaré et sinistre du coach fait froid dans le dos“. En faisant la lumière sur tout leur parcours, on ne peut pas omettre ces années de souffrance, mais c’est avant tout un esprit combattif et collectif qui en ressort, que ce soit entre elles mais également avec leur entraîneur qui, une fois par mois, les emmène au cinéma sur ses finances personnelles. Il est d’ailleurs presque touchant d’observer sa réaction lorsque son équipe gagne aux Jeux Olympiques, lui qui préfère rester en retrait pour que ses joueuses puissent savourer leur victoire.
Les sorcières de l’Orient est un documentaire revigorant, de par son montage et son travail de la musique mais aussi – forcément – par son sujet. Une sacrée équipe talentueuse qui a marqué durablement le Japon et dont le record n’est toujours pas égalé. Et même si pour elles la retraite est synonyme de temps libre à profiter avec leurs petits-enfants, ça ne les empêche pas de filer à la salle de temps en temps pour soulever de la fonte ! Solide ces sorcières !
Les sorcières de l’Orient de Julien Faraut. 1h40
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