Il y a les fantômes, une manifestation surnaturelle qui prend sa source dans les croyances et les traditions. Présents depuis la nuit des temps, ils parcourent l’histoire, la culture et font peur aux esprits des plus petits comme des plus grands. Il y a la guerre, une lutte armée entre états aux conséquences psychologiques et physiques parfois irrattrapables, qui touchent les hommes, les soldats tenus sur le front pour défendre une patrie, se donner corps et âme jusqu’à la mort. Et puis, il y a Ghosts of War.
Cinq soldats américains sont envoyés en France à la fin de la seconde guerre mondiale. Une mission simple, empêcher les allemands de reprendre un château occupé jadis par de méchants nazis. Mais le château n’est pas vide. Une force surnaturelle habite les lieux, bien plus terrifiante que tous les ravages du champ de bataille.

Un pitch simple qui fleure bon la série B du pauvre avec des militaires aux burnes plus grosses que le cerveau, prêts à découper des dignitaires nazis à l’accent choucroutant. La dernière fois que des compagnons amerloques avaient affronté des allemands sur le terrain du surnaturel, c’était Overlord. Après dix bonnes premières minutes énergiques, le métrage produit par J.J. Abrams sombrait dans le guignolesque villageois, avec un film de guerre raconté au hachoir de boucher, et des deutsches zombies en descente de strudel aux pommes pourries. Avec Ghosts of War, il n’y a même pas ce temps d’attention au démarrage. En l’espace de quelques secondes on s’aperçoit déjà que quelque chose cloche, et que le moment risque d’être douloureux pour le spectateur. Il ne fallait pas en demander beaucoup à Eric Bress. 17 ans que le scénariste de deux des Destination Finale et réalisateur de L’Effet Papillon n’avait plus pointé le bout de son nez. Ghosts of War n’est pas aidé par son casting composé de seconds couteaux d’une batterie de cuisine en bois, qui n’a pas de soucis sur qui va voler la vedette à qui, puisque tout le monde joue faux. Branton Thwaites, Theo Rossi, Kyle Gallner, et même Billy Zane. Avec un froncement de sourcil, un regard de mannequin vitreux, une chemise ouverte, et trois paroles prononcées, on se rappelle de pourquoi la suite après que le Titanic ait coulé, a été compliquée.

Mais quand bien même, la force de Ghosts of War c’est de détourner les codes. Un métrage vendu comme de la guerre et de l’horreur qui se transforme en comédie, car on rit de toutes les situations. Rien ne va, pour le meilleur d’un public qui peut élever le film au rang de turbo-nanar cosmique, et pour le pire de quelqu’un qui souhaite passer un moment au 1er degré. Un manoir hanté dans lequel des bruits surgissent du plancher, des murs, du grenier. Des personnages idiots qui vont chacun découvrir les lieux de leur côté. Une boîte à musique, un miroir, l’électricité qui saute sans prévenir, un peu de religion, des apparitions d’une famille de fantômes, de la philosophie de vie vue par des militaires au fond d’une bouteille de cognac. Tous les codes, les clichés sont cochés un à un sur la grande encyclopédie du film d’horreur pour les nuls. Mais où est la guerre ? Elle arrive, avec des zooms intempestifs pour donner du dynamisme à la Bigelow et dans une séquence à la Call of Duty avec trois coups de mitrailleuses qui feraient passer un gunfight nocturne de Michael Mann pour du travail à la chaîne.
Puis après la dégustation de la galette des rois, vient la remise de la couronne. Un twist sorti du chapeau, qui aurait pu être surprenant si il ne prenait pas les gens pour des débiles. Comme si tous les problèmes de narrations, les incohérences, toutes les incrustations de fonds verts loupées qui viennent saluer le public, étaient simplement une mise en scène pour le génie du scénario. Une position qui rappelle Antebellum, autre film se prenant pour du Shyamalan sans avoir la technicité et l’art de savoir comment retourner son récit pour marquer le coup. Ghosts of War se dirige alors vers un autre terrain, celui où il veut jouer plus fort que les autres, mais qui n’a pas les gros bras nécessaire pour éviter de se faire écraser par sa ringardise.
Du mauvais cinéma, avec de mauvais acteurs, un mauvais réalisateur, de mauvais effets, un mauvais scénario. Mais une réjouissance, et un volet sociologique intéressant. Laissez un groupe de personne enfermé devant Ghosts of War et il rira aux éclats devant son envie de se prendre au sérieux. Alors que le métrage n’arrive à rien dans ce qu’il entreprend. Et pour ça, on peut dire merci.
Ghosts of War de Eric Bress. Avec, Brenton Thwaites, Theo Rossi, Kyle Gallner, Billy Zane… 1h35.